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Une escalade verbale au parfum de guerre froide entre le président américain et Vladimir Poutine.

Une plongée au cœur du système Poutine avec les meilleurs experts de C dans l’air et la participation d’invités exceptionnels, interviewés par Caroline Roux. 

Le Président américain Joe Biden l’a qualifié de « tueur » en mars dernier, un compliment qui lui a très vite été retourné. Une escalade verbale au parfum de guerre froide entre le président américain et Vladimir Poutine.

Pourtant, le chef du Kremlin n'a jamais paru aussi fort : après 22 ans au pouvoir et une nouvelle victoire aux élections en septembre dernier, une révision constitutionnelle le rend désormais éligible jusqu’en 2036, et donc plus «tsarifié» que jamais.

En deux décennies, Poutine a réussi à éliminer toute réelle concurrence politique autour de lui. Son seul adversaire sérieux, Alexeï Navalny, croupit dans une colonie pénitentiaire après avoir été empoisonné ; ses partisans sont arrêtés par milliers et les pressions occidentales n’y font rien. Sur la scène internationale, le maître du Kremlin multiplie les offensives : ingérences électorales, annexions territoriales, affaires d’espionnage, recours à des armes interdites … Poutine s’affranchit de toutes les règles et rien ne semble arrêter cet ancien espion qui rêve d’une Russie au centre du jeu.

En pleine actualité, la Russie de Poutine inquiète à différents niveaux. Gros exportateur de gaz, elle est accusée de chantage énergétique sur les Européens avec des prix qui bondissent à la veille de l'hiver. L'enjeu serait de contraindre l'Europe à s'engager sur des contrats de plusieurs années. Son rapprochement avec la Chine pose aussi question. 

En France enfin, alors que la campagne pour la présidentielle démarre, l'éventualité d'une ingérence russe est redoutée par beaucoup. La question est en réalité de savoir jusqu’où Poutine est prêt à aller pour se maintenir au pouvoir.

Quel est son pouvoir de nuisance au sein de nos démocraties occidentales, dont il est devenu le meilleur ennemi ?

A l’occasion d’une nouvelle soirée spéciale C dans l’air, Caroline Roux vous emmène à la rencontre d’un homme à sang froid et à la poigne de fer. Des tranchées du Donbass aux pavés de la Place Rouge, en passant par les coulisses du parlement européen et les stades centrafricains, une plongée au cœur du système Poutine avec les meilleurs experts de C dans l’air et la participation d’invités exceptionnels, interviewés par Caroline Roux.

Les invités - François CLEMENCEAU - Rédacteur en chef international du Journal du Dimanche - Philippe DESSERTINE - Directeur de l’institut de Haute Finance - Clémentine FAUCONNIER - Politologue spécialiste de la Russie et Maîtresse de conférences en science politique à l’Université de Haute Alsace - Laure MANDEVILLE - Grand reporter au Figaro, ancienne correspondante en Russie Retrouvez-nous sur :

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Jacques Chirac avait profondément enraciné son parcours en Corrèze, sa première terre d’élection.

Un fief qu’il partageait avec François Hollande, ce qui a contribué à nouer des liens tardifs entre les deux présidents.

"Mes racines plongent dans cette terre", aimait répéter Jacques Chirac en parlant de son ancien fief, la Corrèze. C’est ici qu’enfant il venait passer ses vacances, chez son grand-père instituteur à Sainte-Féréole. Sa mère est née à Noailhac. Son père a joué au rugby sous les couleurs du CA Brive. C’est ici surtout qu’il a fait ses premiers pas d’homme politique. Bien avant de devenir maire de Paris, Premier ministre et président de la République, il est devenu conseiller municipal de Sainte-Féréole en 1965. Puis député, conseiller général, président du conseil général de Corrèze. Une longue histoire d’amour qui débute réellement en 1967.

À l’époque, le cœur de la Corrèze bat à gauche. Georges Pompidou, Premier ministre, décide d’envoyer de jeunes loups sur cette terre de mission. Jacques Chirac, qui envisage un temps d’être suppléant de Jean Charbonnel, se lance finalement en Haute-Corrèze. Jacques Chirac, itinéraire d'un animal politique

Jacques Chirac est mort jeudi à l'âge de 86 ans. La disparition de l'ancien président de la République a déclenché une importante vague d'émotion en France et dans le reste du monde. Retour sur la trajectoire d'un homme d'Etat qui a imprimé sa marque sur la vie politique des dernières décennies.

Président de la République pendant douze ans, deux fois Premier ministre en quarante années de vie politique et maire de Paris pendant dix-huit ans : avec Jacques Chirac, c’est un géant de la vie politique française qui s'est éteint jeudi à l'âge de 86 ans. Un animal politique qui s'est bâti une solide réputation de tueur, plusieurs fois enterré puis ressuscité, mais aussi un homme-caméléon aux convictions changeantes et à la personnalité insaisissable, qui a longtemps caché, derrière une image caricaturale, sa culture iconoclaste.

Croiser Jacques Chirac, c’était d’abord faire l’expérience d’une énergie hors du commun qui, jeune, lui avait valu le surnom de "bulldozer" ou de "fend-la-bise", d’un appétit pantagruélique - longtemps, il cacha un sandwich dans son cartable du Conseil des ministres -, d’une authentique chaleur humaine, aussi, et de ses mains, immenses, qui happaient les vôtres d’autorité. Des femmes aux électeurs en passant par les politiques, beaucoup ont cédé à son charme. "Arrêtez de dire que Chirac est sympa!", s’agaçait l’austère Lionel ­Jospin en pleine cohabitation, devant ses ministres conquis. L’histoire a montré qu’il avait des raisons de se méfier. 

Chirac, c’est peut-être Sarkozy qui en parlait le mieux : "On a toujours dit de [lui] qu’il était con, gentil et généreux. C’est tout le contraire : il est intelligent, complexe et très intéressé." Capable de stopper un cortège officiel pour s’inquiéter de la santé de la mère d’un quidam, il savait aussi flatter ses rivaux d’une main pour mieux les étrangler de l’autre. Sans états d’âme. De toute façon, estimait-il, "il ne faut pas blesser une bête : on la tue ou on la caresse". 

Des saillies devenues des classiques Les Français l’ont aimé parce que ce président-là leur ressemblait : macho, grivois, fâché avec le sport, il préférait la bière au champagne, adorait la tête de veau, était capable de disserter sur les qualités du "cul noir" limousin - une race porcine - et de rétorquer, main déjà tendue, à un homme qui lui lançait un sonore "connard!" en plein bain de foule : "Enchanté, moi, c’est Jacques Chirac!" Il a régalé son entourage de saillies dont certaines sont désormais des classiques : "Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre", "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille." 

Mais cet homme-là a aussi vécu la plus grande partie de sa vie dans les palais de la République, ­dégagé de toute contingence matérielle, pratiquait le baisemain dans les règles de l’art et vouvoyait son épouse, Bernadette ­Chodron de Courcel, elle-même issue de la haute bourgeoisie. Ses colères les plus noires, il les traduisait d’un : "Ce n’est pas convenable", qui tombait, tranchant.

L’homme, a-t-on longtemps cru, n’aimait que la musique militaire et ne lisait que des romans policiers. Les Français ont découvert sur le tard que s’il aimait les westerns, lui était du côté des Indiens, et que cet amoureux des "arts premiers" - auxquels il offrira un musée à Paris - et de la culture asiatique - au point d’avoir gagné le respect des sourcilleux Chinois - était russophone, amateur de poésie, et appréciait davantage le sumo que le football.

Viré du lycée pour indiscipline Longtemps, le jeune Chirac chercha sa voie, entre un père autoritaire et une mère qui vouait un culte à son fils unique, entre une éducation bourgeoise et l’attirance pour les cultures oubliées, entre l’envie d’aventure et la politique, entre la gauche et la droite, aussi. Né le 29 novembre 1932, il est issu d’une solide lignée corrézienne sur laquelle ce Parisien a construit sa légende. À Brive-la-Gaillarde, son grand-père Louis, instituteur, était une figure de la gauche radicale-socialiste, franc-­maçon et férocement anticlérical. Son père, Abel, à peine moins autoritaire, a fui son emprise pour monter à Paris, où le petit employé de banque est devenu directeur général de l’avionneur Potez et s’est lié d’amitié avec Marcel Dassault.

Enfant gâté, le petit Chirac sera galopin puis rebelle. Sa famille ayant fui la capitale en juin 1940 pour se réfugier au Rayol, près de Toulon, il passe une partie de son enfance à courir les collines et les ravins, et à s’amuser à couper les fils des téléphones de campagne de l’armée allemande, au grand désespoir de ses parents.

Après la guerre, il lui faut pourtant retourner à Paris et réapprendre à porter des chaussures. Élève moyen et indiscipliné, il est exclu du lycée Hoche de Saint-Cloud pour une histoire de boulettes de papier tirées sur un enseignant. Mais dans le même temps, à 15 ans, il annonce qu’il veut apprendre le sanskrit, pour explorer par lui-même ces civilisations anciennes qui le fascinent, lui qui hante déjà les salles du musée Guimet. Ses parents lui dénichent un Russe blanc qui a fui les bolcheviques, Vladimir Delanovitch. Il lui apprendra non pas le sanskrit, mais le russe. "Cela te sera plus utile", décrète le vieux professeur, à l’origine de la passion de l’adolescent pour la littérature russe, la civilisation perse ou l’art chinois. Père spirituel, il marquera le jeune homme d’une telle empreinte que Jacques Chirac avait encore les larmes aux yeux en se recueillant sur sa tombe en 2013.

À Sciences-Po, il vend L'Huma

Mais son vrai père, lui, trouve alors son fils décidément trop désinvolte. Il est vrai qu’en 1950, il l’a vu revenir à la maison entre deux policiers pour avoir distribué devant un commissariat l’appel de Stockholm contre l’armement nucléaire. Abel - rebaptisé François pendant la guerre - exige qu’il prépare Polytechnique, quand le jeune homme rêve de devenir capitaine au long cours. 

À 17 ans, Jacques Chirac se révolte et prend la fuite. Ce sera le premier d’une longue série de coups de force. Il embarque à Dunkerque comme pilotin (élève officier) sur un cargo. Le temps d’acheter une pipe et du tabac, de perdre son pucelage dans un bordel algérien et de passer le concours de lieutenant; mais son père met fin à la parenthèse : un matin, Jacques aperçoit la haute silhouette qui l’attend sur le quai pour le ramener à Paris. Après le savon paternel, il rentre dans le rang. À défaut de grand large, il fera Sciences-Po, puis l'ENA. 

Le rebelle s’y métamorphose en étudiant assidu. Mais quand son ami Michel Rocard le sollicite, il refuse d’adhérer à la SFIO : il trouve les socialistes "trop conservateurs". Pacifiste, il se rapproche des communistes : il vendra L’Humanité pendant deux courtes semaines.

­Physique d’acteur américain, clope au bec, ce tombeur rencontre alors une jeune fille sage et consciencieuse, héritière d’une famille prestigieuse, à laquelle il fait faire ses fiches de lecture, Bernadette Chodron de Courcel.

Souce : www.lejdd.

 

France / Violences du 1er mai 2018: Alexandre Benalla condamné à trois ans de prison dont un ferme

L’ex-chargé de mission de l’Élysée, Alexandre Benalla, a été condamné ce vendredi à trois ans de prison dont un ferme sous bracelet électronique. Il était notamment jugé pour des violences à l’encontre de manifestants lors de la manifestation du 1er-Mai. 

Alexandre Benalla a été reconnu coupable de « violences volontaires » mais aussi d'avoir utilisé frauduleusement ses passeports diplomatiques après son licenciement, d'avoir fabriqué un faux document pour obtenir un passeport de service et d'avoir illégalement porté une arme en 2017. En plus des trois années de prison, il écope de 500 euros d'amende, une interdiction d'exercer dans la fonction publique pendant 5 ans ainsi que de porter une arme pendant 10 ans.

Pendant la lecture du jugement, la présidente du tribunal a taclé Alexandre Benalla à plusieurs reprises. « Vous avez trahi la confiance qui vous a été faite par cette nomination », a déclaré la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez. Elle a aussi souligné le « sentiment d'impunité et de toute puissance » de M. Benalla et moqué la façon dont il s'est présenté en parangon de vertu. 

Le tribunal a choisi cette peine « au regard de la gravité des multiples faits, des missions que vous exerciez, qui exigeaient de vous rigueur et exemplarité, de votre comportement insupportable au corps social », a-t-elle ajouté. ==== Le tribunal n'a pas considéré que sa violente intervention place de la contrescarpe, contre deux manifestants, avait un caractère essentiel pour appréhender l'auteur d'un crime, axe de défense de l'ancien collaborateur de l'Élysée. Les CRS présents ce jour-là étaient en nombre et compétents, ils auraient géré la situation sans l'intervention d'Alexandre Benalla, juge la cour.

Trois autres personnes ont été condamnées dans cette affaire. Vincent Crase, un ancien gendarme réserviste de 48 ans, a écopé de deux ans de prison avec sursis. De leur côté, les policiers Maxence Creusat et Laurent Simonin se sont vus infliger respectivement 5 000 euros d'amende et trois mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. Ils étaient accusés d’avoir transmis des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla.

L’affaire, lors de sa révélation par le journal Le Monde, a été à l’origine d’un scandale politique pour l’exécutif et la majorité. C’est notamment avec une vidéo dans laquelle on voit le trentenaire, équipé d’un casque et d’un brassard de police, interpellé violemment deux manifestants que l’affaire avait débuté.

Avec notre envoyé spécial au tribunal de Paris, Pierre Olivier Publié le : 05/11/2021 Alexandre Benalla le 13 septembre 2021 à Paris au tribunal de Paris pour le premier jour de son procès. AFP - THOMAS COEX Texte par :RFI Suivre 2 mn Écouter l’article

36 MILLIARDS DE DOLLARS GAGNÉS EN UN JOUR, LE LUNDI FOU D'ELON MUSK La fortune d'Elon Musk atteint les 289 milliards de dollars.

Après l'annonce d'une commande record par le loueur Hertz de 100.000 Tesla, l'action de la société automobile a bondi de 12,7% propulsant son patron Elon Musk à des niveaux de fortune jamais atteints. Les superlatifs manquent au moment de parler de la fortune d'Elon Musk. Sur la seule journée de lundi, le patrimoine du fondateur de Tesla a fait un bond stratosphérique jamais vu de 36,2 milliards de dollars (31,2 milliards d'euros). 

Selon le Bloomberg Billionaires Index, la fortune d'Elon Musk s'approche des 300 milliards de dollars. Hier, à la clôture de la Bourse de New York, elle atteignait précisément 289 milliards de dollars. Désormais très loin devant celle de Jeff Bezos (193 milliards de dollars) et de Bernard Arnault (163 milliards de dollars). 

Depuis le début de l'année, le patron de Tesla et Space X a vu son patrimoine bondir de 119 milliards de dollars.

Comme un symbole, ce lundi la fortune du roi des voitures électrique a dépassé la capitalisation de la plus grande société pétrolière américaine Exxon Mobil. A lui seul, Elon Musk vaut plus que le géant du prétrole (272 milliards de dollars). Comme un passage de relais symbolique entre le champion du monde d'avant des énergies fossiles et celui de l'après avec l'électrique. Un géant du pétrole à l'origine duquel on trouve la Standard Oil créée par John D. Rockefeller considéré comme l'homme le plus riche de tous les temps. Autre symbole.

Le gain de plus de 36 milliards de lundi fait suite à la flambée de l'action Tesla qui a pris plus de 12,6% hier. Le pionnier des véhicules électriques a dépassé les 1000 milliards de dollars de capitalisation boursière et est devenue la sixième entreprise la plus valorisée du monde devant Facebook. 

Tesla vaut 12 fois General Motors en Bourse La Bourse a accueilli très favorablement l'annonce de la méga-commande de 100.000 Tesla par le loueur Hertz pour un montant de 4,2 milliards de dollars. Les premiers modèles de Tesla Model 3 seront disponibles à la location d'ici quelques jours aux Etats-Unis et en Europe. 

Autre bonne nouvelle ce lundi pour le constructeur: la Tesla Model 3 est devenue en septembre la voiture qui s'est le plus vendue en Europe. Une première historique pour les véhicules électriques. Avec 24.600 exemplaires écoulées, la petite Tesla a coiffé au poteau deux véhicules thermiques, la Renault Clio et la Dacia Sandero. 

De son côté la Model Y, le nouveau SUV de Tesla, s'est classé deuxième en septembre sur le marché des voitures 100% électriques. Tesla a ainsi logiquement dominé le classement des électriques en septembre, avec une part de marché de 24%, devant le groupe Volkswagen (22%), Stellantis (13%), et Hyundai-Kia (11%).

Avec une capitalisation de 1010 milliards de dollars, Tesla vaut désormais 12 fois plus en Bourse que General Motors (84 milliards de dollars), le plus important constructeur automobile américain.

Frédéric Bianchi https://twitter.com/Frederic Bianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco

Obama accuse les Républicains de menacer la démocratie

"Je suis ici en Virginie parce que je pense que la Virginie fera en fin de compte le bon choix", a-t-il poursuivi. "Je pense qu'ici en Virginie, vous allez montrer au reste du pays, et au monde, que nous ne nous laisserons pas aller à nos pires instincts.

 L'ancien président américain Barack Obama en campagne en Virginie pour soutenir le candidat démocrate au poste de gouverneur, Terry McAuliffe, assis derrière lui

Barack Obama a accusé samedi les Républicains de menacer la démocratie avant une élection locale particulièrement serrée, vue comme un test national sur la popularité de Joe Biden au moment où il négocie âprement un plan massif d'investissements avec le Congrès.

L'ancien président s'était déplacé à Richmond, dans le sud conservateur de l'Etat, pour soutenir le démocrate Terry McAuliffe, 64 ans, candidat au poste de gouverneur de Virginie et qui est au coude-à-coude avec le républicain pro-Trump Glenn Youngkin, 54 ans, à l'approche du scrutin du 2 novembre.

Devant quelques centaines de jeunes militants enthousiastes, réunis à la Virginia Commonwealth University à Richmond, il a affirmé que M. Yougkin supprimerait des postes d'enseignants, qu'il réduirait l'accès à l'avortement et qu'il apporterait son soutien aux affirmations de Donald Trump qui prétend que l'élection présidentielle lui a été volée.

"A ma connaissance, le principal message de l'adversaire de Terry est qu'il est un type comme tout le monde parce qu'il porte une laine polaire. Et il accuse les écoles de laver le cerveau de nos enfants", a-t-il dit. "Il a aussi dit qu'il voulait faire vérifier les machines à voter utilisées lors du dernier scrutin. (...) Et nous sommes supposés croire qu'il va défendre notre démocratie ?" ====== Joe Biden a remporté la Virginie avec 10 points d'avance en 2020 et les républicains n'ont pas remporté d'élection dans cet Etat depuis 2009, mais l'avance de Terry McAuliffe dans les sondages a fondu au fil des semaines, et elle atteint désormais la marge d'erreur. 

M. Obama, qui reste le démocrate le plus populaire aux Etats-Unis cinq ans après quitté la Maison Blanche, voulait galvaniser les électeurs afro-américains, un électorat clé de cet Etat du sud, notamment dans la région de Richmond où l'un des plus importants symboles du passé esclavagiste du pays, la statue du général confédéré Robert Lee, n'a été déboulonnée que le mois dernier.

- "Marionnette" de Trump -

Reconnaissant comprendre pourquoi on peut être "fatigué" de la politique, il a rappelé avoir rencontré lors de sa première campagne présidentielle qui l'a porté à la Maison Blanche en 2008 une électrice afro-américaine de 106 ans qui s'était mobilisée pour lui. "Et je me suis dit, si elle n'est pas fatiguée, je n'ai pas le droit d'être fatigué", a-t-il ajouté. close volume_off  "Si John Lewis (figure de la lutte pour les droits civiques décédé en 2020, ndlr) n'était pas fatigué, nous n'avons pas le droit d'être fatigués", a-t-il martelé sous les applaudissements.

"Je suis ici en Virginie parce que je pense que la Virginie fera en fin de compte le bon choix", a-t-il poursuivi. "Je pense qu'ici en Virginie, vous allez montrer au reste du pays, et au monde, que nous ne nous laisserons pas aller à nos pires instincts. Nous ne reviendrons pas à un passé qui a fait tant de mal, nous irons de l'avant avec des gens comme Terry pour nous guider".

Avant M. Obama, la Première dame Jill Biden, la vice-présidente Kamala Harris et l'une des étoiles montantes du parti démocrate, Stacey Abrams, se sont déplacées en Virginie pour faire campagne pour M. McAuliffe. Le président américain lui-même y est attendu la semaine prochaine.

Une victoire de M. McAuliffe donnerait de l'élan au programme d'investissements massifs que l'aile gauche du parti démocrate cherche à faire passer au Congrès. Un échec pourrait inciter à davantage de prudence l'aile modérée du parti qui hésite encore à approuver quelque 3.000 milliards de dollars de dépenses.

M. Youngkin s'est concentré sur les écoles, faisant campagne contre le masque obligatoire honni par les électeurs de Donald Trump. Jusqu'ici, il a soigneusement évité d'apporter son soutien aux affirmations de l'ancien président qui prétend que l'élection lui a été volée.

M. Trump ne s'est pas rendu en Virginie. Il s'était joint virtuellement le 13 octobre à un meeting de campagne pro-Youngkin auquel participait notamment son ancien conseiller Steve Bannon.

M. McAuliffe, qui a pris le micro avant M. Obama, a promis de travailler avec des républicains "raisonnables" pour améliorer la situation en Virginie. ===== "Je travaillerai avec vous mais laissez-moi vous dire une chose aujourd'hui: Glenn Youngkin n'est pas un Républicain raisonnable. Pour moi, c'est Donald Trump en pantalon beige", a-t-il dit. "Voulons-nous une marionnette de Donald Trump comme gouverneur ? Non, nous ne voulons pas !".

L'ancien président américain Barack Obama en campagne en Virginie pour soutenir le candidat démocrate au poste de gouverneur, Terry McAuliffe, assis derrière lui

Source / AFP, Ryan M. Kelly AFP, publié le dimanche 24 octobre 2021 à 01h03

Turquie : Erdogan ordonne l'expulsion des ambassadeurs mobilisés en faveur de l'opposant Kavala

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi avoir ordonné l'expulsion, "au plus vite", des dix ambassadeurs dont ceux de France, d'Allemagne et des Etats-Unis, qui ont réclamé la libération de l'opposant Osman Kavala. 

"J'ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de déclarer au plus vite ces dix ambassadeurs persona non grata", a affirmé le chef de l'Etat lors d'un déplacement dans le centre de la Turquie, sans préciser la date à laquelle les diplomates devront partir. 

Ces diplomates "doivent connaître et comprendre la Turquie", a poursuivi M. Erdogan en les accusant "d'indécence". "Ils devront quitter" le pays "s'ils ne le connaissent plus", a-t-il ajouté. Mesure rare dans les relations internationales, déclarer "persona non grata" des diplomates ouvre la voie à leur expulsion ou leur rappel par leur propre pays.

Selon une source diplomatique allemande, les dix pays concernés se concertaient samedi soir, sans avoir toutefois reçu de notification officielle de la mesure.

"Du matin au soir ils (les diplomates) répètent : Kavala, Kavala...

Mais celui dont vous parlez, Kavala, c'est l'agent de Soros en Turquie", a affirmé le président Erdogan durant une réunion publique, faisant une nouvelle fois référence au milliardaire américain d'origine hongroise George Soros auquel il compare régulièrement l'opposant. 

Emprisonné depuis quatre ans sans jugement, Osman Kavala est accusé depuis 2013, par le régime du président Erdogan, de vouloir déstabiliser la Turquie. 

Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis ont appelé à un "règlement juste et rapide de l'affaire" Osman Kavala, homme d'affaires et mécène turc devenu une des bêtes noires du régime, emprisonné depuis quatre ans sans jugement.

Dès le lendemain, leurs ambassadeurs étaient convoqués au ministère des Affaires étrangères, les autorités turques jugeant "inacceptable" leur démarche.

Le chef de l'Etat turc avait ensuite brandi la menace d'une expulsion à son retour d'une tournée africaine, jeudi.

-"Rien qui puisse justifier l'expulsion"- Parmi les premiers pays à réagir, samedi soir, la Suède, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas ainsi que l'Allemagne ont fait savoir qu'ils n'avaient reçu aucune notification officielle concernant leurs ambassadeurs respectifs à ce stade. "Notre ambassadeur n'a rien fait qui puisse justifier l'expulsion", a indiqué une porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, Trude Måseide, citée par l'agence de presse NTB, ajoutant que son pays "continuera d'exhorter la Turquie à adhérer aux normes démocratiques". "Nous sommes actuellement en consultation intensive avec les neuf autres pays concernés", a de son côté annoncé le ministère allemand des Affaires étrangères. Plusieurs parlementaires néerlandais ont réagi sur les réseaux sociaux.

"A juste titre, l'ambassadrice néerlandaise en Turquie a entre autres appelé à mettre en œuvre les arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme. Désormais, les 27 pays de l'UE doivent se rallier à cela", a tweeté la parlementaire travailliste Kati Piri. En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait ordonné la "libération immédiate » de M. Kavala - en vain. A 64 ans, cette figure majeure de la société civile, homme d'affaires richissime et philanthrope, né à Paris, a été maintenu en détention début octobre par un tribunal d'Istanbul qui a estimé "manquer d'éléments nouveaux pour le remettre en liberté".

Osman Kavala, qui a toujours nié les charges pesant contre lui, comparaîtra de nouveau le 26 novembre. Arrêté initialement pour sa participation au mouvement anti-gouvernemental dit de Gezi en 2013, époque à laquelle M. Erdogan était Premier ministre, il a ensuite été accusé de tentative de coup d'Etat et d'espionnage. -"Un procès équitable n'est plus possible"- Dans un entretien récent à l'AFP, M. Kavala a estimé que sa détention permet au régime de M. Erdogan de justifier ses "thèses complotistes".

"Considérant qu'un procès équitable n'est plus possible dans ces circonstances, je pense que cela n'a aucun sens pour moi d'assister aux audiences à venir", a-t-il annoncé vendredi via ses avocats. Le Conseil de l'Europe a récemment menacé la Turquie de sanctions, qui pourront être adoptées lors de sa prochaine session (30 novembre au 2 décembre) si l'opposant n'est pas libéré d'ici là. Le chef de l'opposition Kemal Kiliçdaroglu a estimé que la menace d'une prochaine expulsion des ambassadeurs risquait de "précipiter le pays dans le gouffre".

Par AFP/ Publié le 23-10-2021 à 21:41 GMT |

SOMMET AFRIQUE FRANCE, RAPPORT AFRIQUE FRANCE LA FRANCE TOUJOURS À LA RECHERCHE D'IDÉES AFRICAINES POUR DOMINER L'AFRIQUE

"La France a donné la parole à des Africains bavards, férus de la réthorique, en mal de reconnaissance et de visibilité"  Par : Donatien Robé

 Face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie en Afrique, la France ne manque pas d'imagination. Elle ne baisse pas les bras. Elle a compris qu'il faut qu'elle s'adapte à la mondialisation, à la concurrence des autres puissances en Afrique. En définitive, la France a trouvé l'ingénieuse idée de demander des solutions aux Africains eux-mêmes pour réinventer sa domination sur le continent. Il s'agit de demander aux Africains de fabriquer le fouet avec lequel ils désirent être battus copieusement. .

Alors, ça a commencé en décembre 2013 sous François Hollande avec un rapport commandé par le ministère français de l'économie et des finances à cinq personnalités proches de l'Afrique: le diplomate Hubert Vedrine, l'ancien patron de l'agence française de développement (AFD) Jean Michel Severino, le financier franco-béninois Lionel Zinsou, l'économiste franco-tunisien Hakim El Karoui et l'assureur-banquier franco-ivoirien Tidjane Thiam. Ce rapport a été remis en décembre 2013 à Pierre Moscovici, ministre de l'économie d'alors à la "conférence de Bercy". Appelé "Afrique France : un partenariat pour l'avenir", ce rapport contient "15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l'Afrique et la France". 

Dans ce document, les propositions 10 et 11 en disent long sur la volonté de ses rédacteurs: -Proposition 10 : renforcer l'influence de la France en Afrique. -proposition 11: réinventer au plus vite la présence économique extérieure française en Afrique-subsaharienne. Très explicite ! Très clairement, on peut donc dire que le sommet Afrique France du 7 au 9 octobre 2021 à Montpellier est dans la logique de la stratégie française : dominer l'Afrique par des idées venant des Africains. Et ça marche !

Cette fois-ci, la France a donné la parole à des Africains bavards, férus de la réthorique, en mal de reconnaissance et de visibilité. 

Pendant ce temps, l'Afrique recherche des solutions africaines techniques, innovantes et structurelles pour l'école pour tous, la santé pour tous, la protection sociale pour tous, l'économie inclusive, une agriculture dynamique, etc.

A lire aussi 

 Par Namory Diomandé · https://www.facebook.com/namory.diomande.7

On peut tout reprocher aux jeunes africains qui ont rencontrés le président Macron. Cependant, leur présence a sonné quelques chose de nouveau. Je ne vois aucun chef d'état africains parler avec sa jeunesse et sa société civile sans filtre comme la fait Emmanuel Macron.

Maintenant si certains en on profité pour régler des comptes personnels laissons les avec leurs consciences, mais dans le fond cela a été une bonne chose.Il faut encourager les chefs d'état africains à en faire d'avantage.

Ainsi, ils pourront percevoir le cri de cœur de leurs populations.Comme à dit la participante burkinabé, "monsieur le Président c'est fini" Les canneaux de communication entre vous et les populations sont rouillés, il faut les changer.

Savez vous que le président Macron à un compte TikToc où il communique directement avec les populations ?

Savez-vous quels impacts a cela sur la vie de la nation ? Oui messieurs les présidents africains le monde a évolué et la sagesse ne vient pas forcément de la haut.

A bon entendeur salut. Bonne semaine à tous.

 

Pascal Boniface répond aux critiques émises à l'encontre de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Iris), dont il est le directeur.

"La tribune publiée dimanche dernier par la députée européenne Nathalie Loiseau et la chercheuse Valérie Niquet (à lire ici) pose un problème fondamental : la faiblesse des thinks tanks géopolitiques français. Ceux-ci sont peu nombreux et sous-financés, au moment où la lutte dans le débat d'idées au niveau international fait rage.

Nous ne sommes que quelques-uns à pouvoir faire valoir un point de vue français dans les multiples enceintes où se forgent les opinions de l'expertise internationale. Et où toutes les autres puissances, quel que soit leur régime, sont fortement présentes.

Les think tanks français sont financés par l'Etat pour les recherches qu'ils font sur la base de contrats ou d'appel d'offres. Mais défendre un point de vue français - qui peut être différent du point de vue gouvernemental - se fait en réalité bénévolement, tout comme d'ailleurs le travail pédagogique auprès de nos concitoyens. 

Aucun chercheur de l'Iris n'a jamais vu sa liberté d'expression entravée pour ne pas froisser un partenaire 

Les think tanks français dépendent des contrats de l'Etat ou d'entreprises. Il faut savoir émettre des désaccords avec ces partenaires pour rester crédible. Aucun chercheur de l'Iris n'a jamais vu sa liberté d'expression entravée pour ne pas froisser un partenaire. 

Nathalie Loiseau et Valérie Niquet évoquent l'influence que des pays étrangers pourraient exercer via des partenariats avec des think tanks. Elles citent la Chine, mais c'est loin d'être le seul pays à avoir une stratégie d'influence, même si c'est le pays dont le système politique est le plus éloigné du nôtre le plus actif en la matière. ============ L'influence américaine est sans commune mesure, mais il s'agit d'un pays allié et cela passe mieux. Il faut distinguer les think tanks de rayonnement international des petites structures souvent uninominales malgré des titres ronflants qui sont bien plus manipulables par des intérêts étrangers. Il faudrait aussi évoquer le travail des agences de communication qui ont souvent des budgets colossaux pour modifier de façon positive l'image de certains pays. 

Les gouvernements successifs mettent en avant l'importance du débat d'idées et du soft power mais en réalité, ils ne font pas grand-chose pour aider les think tanks

Dans son rapport sur les influences chinoises publié à la mi-septembre, l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM) a mis en cause l'Iris pour avoir coorganisé avec l'ambassade de Chine trois colloques sur les routes de la soie en 2017, 2018 et 2019. En organisant ces colloques, aurions-nous été en quête désespérée de financement pour compenser l'absence de financements français? En aucun cas. Nous pensions que le thème était intéressant. L'ambassade de Chine a pris en charge les frais qui ont permis l'opération, mais pas asservi l'Iris. Contrairement à ce que l'IRSEM affirme dans son rapport, nous avons fait entendre une voix française critique. Nous n'avons pas renouvelé l'opération par la suite du fait du durcissement de ton de l'ambassade de Chine. D'autres think tanks français coopèrent avec les autorités chinoises, y compris après 2020, et l'IRSEM a admis en faire de même.

Pourquoi dès lors ne cibler que l'Iris? Serait-ce parce que ses positions, assez souvent en franc-tireur, peuvent agacer? 

Tout ceci ne nous a jamais empêchés de critiquer certaines positions chinoises, tout en refusant de participer à une croisade antichinoise dans laquelle veut nous entraîner la diplomatie américaine. Les gouvernements successifs mettent en avant l'importance du débat d'idées et du soft power mais en réalité, ils ne font pas grand-chose pour aider les think tanks, parce que ce n'est pas rentable électoralement, peu visible, et utile uniquement à long terme.

N'est-il pas le temps d'ouvrir un large débat sur ce sujet?" 

* Pascal Boniface vient de publier avec Hubert Védrine l'Atlas des crises et de conflits (Armand Colin, Fayard)

Par Redaction JDD Pascal Boniface, le directeur de l'Iris. Pascal Boniface, le directeur de l'Iris. (AFP)

Tensions France-Algérie : "Cette crise va durer parce que le régime algérien n’a rien d’autre à proposer à son opinion publique"

Le président de la République française, Emmanuel Macron, a prôné ce mardi 5 octobre, « un apaisement » entre la France et l’Algérie, et dit avoir des relations cordiales avec son homologue Abdelmadjid Tebboune.

Depuis les propos du chef de l’Etat français rapportés par le journal Le Monde, accusant « le système politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle », les deux pays vivent à nouveau une grave crise diplomatique.

Cet appel à l’apaisement est-il réaliste ?

Pourquoi les propos du président Macron ont-ils fait un tel tollé en Algérie ?

Comment expliquer ces crises à répétition ?

Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Po Paris et auteur de Géopolitique de l’Algérie, paru aux éditions Bibliomonde, répond à nos questions.

 TV5MONDE : Alors que la France et l’Algérie traversent une grave crise diplomatique, consécutive aux propos du président Emmanuel Macron, rapportés par le journal Le Monde, sur le « système politico-militaire » qui entretient une rente mémorielle concernant la guerre d’Algérie, le chef de l’Etat français appelle à l’apaisement. Est-ce réaliste en l’état actuel de la situation ?

Kader Abderrahim : Dans la position du président de la République, il est obligé de tenir compte d’un certain nombre de facteurs qui ne sont pas dans les préoccupations d’un chercheur ou d’un universitaire, qui a une parole plus libre, bien qu’elle doive de toute manière être responsable. Je pense que le président Macron a probablement dû être mis en garde sur les réactions diplomatiques, économiques, et même d’une certaine manière sécuritaires.

Dans un contexte de pré-campagne pour la présidentielle, on craint peut-être les réactions qu’il peut y avoir ou que les choses dérapent, ici dans la diaspora, mais aussi en Algérie. Il est obligé de tenir compte de tout cela. J’aurais voulu que ce soit pris en compte avant qu’il tienne ces propos jeudi dernier, lors de ce déjeuner avec les jeunes issus de l’immigration. Là, on a l’impression qu’il fait à tout le moins un pas de côté, et au pire, un pas en arrière.

(Re)voir : "Paris - Alger : rien ne va plus !" C’est un très mauvais signal qu’il envoie à la société algérienne, mais également aux caciques du régime, qui vont l’interpréter d’une manière positive. Ils peuvent se dire « on a encore gagné, on a fait plier le président Macron, donc d’une certaine façon, on a fait plier la France ». Et ce n’est pas bon pour ceux qui ont soif de démocratisation pour ce pays, et tous ceux qui tentent d’apporter un éclairage sur l’histoire de la guerre d’Algérie, ou l’histoire tellement entrelacée des deux pays. Pour moi, c’est une petite déception.

(Re)lire - Quand Emmanuel Macron rencontre les "petits-enfants" de la guerre d'Algérie et provoque la colère d'Alger Et on peut s’interroger sur le fait de savoir si tout cela a été préparé, ou si c’était un mouvement d’humeur de tenir des propos qu’on n’avait jamais entendus au préalable. Aucun président, aucun chef d’Etat français, n’avait parlé de régime militaro-politique, n’avait évoqué la restriction des visas pour les caciques du régime qui sont les premiers à passer des week-ends à Paris et ailleurs. Les conséquences en tout cas sont là. Je pense que cette crise va durer, parce que le régime algérien n’a rien d’autre à proposer à son opinion publique qu’une image dégradée de la France, à travers les propos de son président de la République.

TV5MONDE : Est-ce à dire que le tollé suscité par les propos du président Emmanuel Macron tient davantage au besoin des autorités algériennes de créer un contre-feu aux problèmes auxquels ils sont confrontés actuellement dans le pays, plus qu’aux questions mémorielles entre la France et l’Algérie ?

Kader Abderrahim : C’est tout cela à la fois ! Rien n’est réglé, tout simplement parce que rien n’est débattu, et que si les Algériens ont soif de démocratisation, qu’ils rêvent d’un véritable Etat de droit, pour sortir de l’arbitraire et de la précarité, ils ont aussi besoin de connaître une histoire qui serait débarrassée des interventions et des oripeaux interventionnistes de l’Etat.

(Re)voir : "L'Algérie rappelle son ambassadeur en France pour consultation"

Jusqu’à présent, la seule chose à laquelle on ait accès, je caricature à peine, c’est au mieux une histoire mythifiée, voire une histoire instrumentalisée, dans laquelle on a fait disparaître les véritables résistants, ceux qui ont voulu jouer un rôle à la fois politique et historique dans le retour à la souveraineté de l’Algérie. Et on voit que ça été usé jusqu’à la corde. 

L’abus de la légitimité historique a fini par mettre hors-jeu les dirigeants algériens, qui n’ont pas compris que dans les sociétés modernes, la seule légitimité qui vaille aux yeux des peuples, c’est celle issue des urnes, et non pas celle fournie par l’histoire. Ça ne fonctionne pas. On est au 21e siècle, il est temps de se réveiller, de concevoir un nouveau contrat social entre l’Etat et la société algérienne ; et d’imaginer un autre projet collectif autour de valeurs communes largement partagées. Là, on est malheureusement loin du compte et de cet objectif.

TV5MONDE : En évoquant pour la première fois le « système politico-militaire », le président Emmanuel Macron n’a-t-il pas essayé de contraindre les autorités algériennes à sortir justement de leurs ambiguïtés ? 

Kader Abderrahim : Bien sûr, c’est l’une des lectures que l’on peut avoir des propos du président Emmanuel Macron. Encore une fois, je regrette que cela n’ait pas été recontextualisé, et mis en perspective dans le cadre du rapport Stora qui proposait de manière très concrète, un travail commun d’historiens entre l’Algérie et la France, afin de regarder ensemble cette histoire. 

La question aujourd’hui c’est pourquoi est-ce que ça n’est pas possible ? Pourquoi les Algériens ne saisissent pas toutes les mains tendues depuis 15 ans ? Depuis le président Jacques Chirac, jusqu’à Emmanuel Macron, tous les chefs d’Etat français ont fait des gestes, tenu des propos, des paroles fortes, symboliques, que ce soit ici à Paris, ou lors de voyages d’Etat en Algérie. Qu’est-ce qu’on cherche ? Encore une fois, la légitimité de ce régime politique est aujourd’hui contestée par les Algériens. Pendant deux ans et demi, le Hirak est descendu massivement dans les rues de toutes les villes d’Algérie. Ce qui est quand même un phénomène nouveau.

Je pense que le président Emmanuel Macron est sincère lorsqu’il parle de relations cordiales avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. 

Kader Abderrahim, chercheur.

Malheureusement, ils n’ont pas reçu le soutien attendu de l’extérieur, si ce n’est de la diaspora algérienne, notamment celle de France mais pas seulement ; et donc c’était très insuffisant pour faire plier le régime à Alger, qui use de cette ficelle patriotique, nationaliste, et qui continue aujourd’hui encore à instrumentaliser l’histoire. Moi je partage les propos du président Macron parce que on se dit ouf, on dit enfin les choses. Rappelons-nous ce que disait Camus, qui était aussi Algérien : « mal nommer les choses, c’est ajouter à la tragédie du monde. »

TV5MONDE : Comment expliquer les crises à répétition entre Paris et Alger, alors que le président Emmanuel Macron affirme par ailleurs qu’il entretient des relations cordiales avec son homologue Abdelmadjid Tebboune ?

Kader Abderrahim : Je pense que le président Emmanuel Macron est sincère lorsqu’il parle de relations cordiales avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Je crois qu’il a besoin et qu’il cherche un interlocuteur. Malgré tout ce qu’il peut penser de la nature du régime politique en Algérie, il ne peut pas passer au-dessus de ce qui existe comme institution.

Mais dans le même temps, il a compris que le président Tebboune n’a pas les coudées franches, qu’il n’a pas l’autorité, probablement pas le charisme non plus. Il est encadré par une armée, par des généraux, qui décident en fonction d’intérêts particuliers. Ils n’ont pas une vision de ce qu’est le bien public en Algérie. Je crois que la déception d’Emmanuel Macron est là, et qu’elle a été pour beaucoup dans sa prise de parole jeudi dernier au cours de ce déjeuner.

Il est un peu tôt pour faire un bilan, mais on verra où les choses en sont dans quelques semaines. Il est à noter cependant que ces propos du président Macron arrivent dans un contexte très compliqué en Algérie, très difficile sur le plan économique et social pour les Algériens, et marqué par son isolement diplomatique. Et comme le régime est sur la défensive, il n’est pas prêt à saisir les mains qu’on lui tend. Il va donc probablement chercher une échappatoire sur les plans économiques et commerciaux. C’est en tout cas la menace qui a été brandie. Il va y avoir une réévaluation des rapports avec la France. 

Comme la Chine est déjà, depuis plus de 15 ans, le premier fournisseur de l’Algérie, leurs relations vont probablement se renforcer. Sur le plan sécuritaire, l’armée algérienne est équipée à près de 80% de matériel militaire russe. Et il y a un autre acteur qui émerge dans cette région du monde, en Méditerranée, au Maghreb, au Sahel… c’est la Turquie. Elle va probablement jouer un rôle plus idéologisé, mais elle essaiera aussi de tirer son épingle du jeu sur le plan commercial. Voilà les registres sur lesquels les dirigeants algériens vont tenter de jouer, pour « faire la nique » à la France et au président Macron, et lui faire comprendre qu’on est là, on est assis sur le trône, et il n’est pas question de discuter ou de négocier notre sortie.

TV5MONDE : Une fin du cycle de crises entre la France et l’Algérie n’est donc pas envisageable pour le moment ?

Kader Abderrahim : Absolument ! Rien n’est réglé, loin de là. Les problèmes sont aujourd’hui formulés, connus, mais jamais négociés, jamais discutés. Il n’y a donc pas de compromis. Et on retombera sur les mêmes problèmes, avec les mêmes maux. Et moi je fais le pari qu’on se reparlera dans quatre mois, dans six mois, pour une énième crise sur le plan diplomatique. On n’arrivera pas à sortir de ce cercle vicieux tant qu’on n’abordera pas clairement les choses. Peut-être faut il le faire sur la durée. Peut-être y aura-t-il encore des claquements de portes, ou des éclats de voix.

(Re)voir : "Alger ferme son espace aérien aux avions de Barkhane"

Mais c’est aujourd’hui indispensable et nécessaire, parce que là on va tous dans le mur. La recomposition géopolitique en méditerranée, au Maghreb et au Sahel, doit nous conduire impérativement à imaginer des formules, des compromis, des sorties de crise avec les partenaires du sud qui sont concernés au premier chef, et qui sont en train de nous entraîner dans leur propre crise. Il faut aussi être attentif à ce que les questions internes à l’Algérie ne rejaillissent pas sur un pays comme la France, qui compte une diaspora issue de l’immigration algérienne extrêmement importante. 

Emmanuel Macron quelques mois après son élection, en décembre 2017, en visite à Alger.

© AP Photo/Anis Belghoul, File 05 OCT 2021 Mise à jour 05.10.2021 à 18:25 par Christian Eboulé

"Pandora Papers" : "C'est choquant", alors qu'"on est en train de sortir d'une crise sanitaire énorme", Ces personnes fortunées répondent que ces pratiques sont légales...

De nombreuses personnalités fortunées échappent toujours à l’impôt en ayant recours aux paradis fiscaux, selon le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires.

"C'est choquant, notamment dans la période actuelle" alors qu'"on est en train de sortir d'une crise sanitaire énorme", a réagi Quentin Parrinello, responsable du plaidoyer sur la justice fiscale chez Oxfam France. La nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires, dont la cellule investigation de Radio France, démontre que de nombreuses personnalités fortunées échappent toujours à l’impôt en ayant recours aux paradis fiscaux. Parmi elles, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair et le roi Abdallah II de Jordanie. 

>> "Pandora Papers" : des milliers de milliards de dollars toujours à l’abri dans des paradis fiscaux  :: franceinfo : ces nouvelles révélations vous découragent ? 

Quentin Parrinello : Ce n'est malheureusement pas le premier scandale auquel on a affaire puisque, notamment, les journalistes de la ICIJ et les partenaires ont révélé de nombreux scandales fiscaux : les "Panama Papers" et "Paradise Papers". Et à chaque fois, on se retrouve avec une minorité, une élite fortunée qui a recours massivement aux paradis fiscaux pour éviter de payer des impôts et pour blanchir de l'argent. C'est choquant. C'est choquant, notamment dans la période actuelle. On est en train de sortir d'une crise sanitaire énorme, qui a fait exploser les inégalités puisqu'on a ces personnes qui se soustraient à la solidarité nationale et qui évitent de payer des impôts au moment même où on est en train de chercher la manière de payer la facture du coronavirus et où, en France, on est en train de se dire qu'il va falloir réformer l'assurance-chômage, qu'il va falloir réformer les retraites pour aller chercher l'argent. Oui, c'est choquant puisque l'argent il existe. Malheureusement, il est plutôt jusqu'à présent caché dans les paradis fiscaux par les personnes les plus riches.

Les "Panama Papers", c'était en 2016. Vous avez l'impression que rien n'a été fait ?

: On a avancé dans le discours. C'est ça, finalement, qui est presque le plus rageant, c'est qu'on a des décideurs politiques qui disent : "Les paradis fiscaux, ce n'est plus possible". Il y en a qui l'ont dit, même bien avant les "Panama Papers". Nicolas Sarkozy avant 2010 disait déjà : "Les paradis fiscaux, c'est fini". Ce discours, il progresse, mais derrière, dans les actes, on est encore extrêmement loin de ce qu'il faudrait faire. On fait des tout petits pas sur la transparence du secret fiscal, mais on est encore très, très loin de ce qu'il faudrait faire. Il faut largement réformer la manière dont les plus riches sont taxés. 

"Aujourd'hui, c'est très facile pour une personne riche de délocaliser sa fortune dans un paradis fiscal et de le faire en toute opacité puisque le secret fiscal, c'est encore la règle plutôt que l'exception."

Quentin Parrinello à franceinfo Comment faut-il agir ? ......

Il faut réformer massivement la manière dont on taxe les plus riches. Aujourd'hui, c'est extrêmement facile pour les plus riches de délocaliser dans un paradis fiscal. Ils sont finalement encouragés, y compris par une forme d'idéologie. Quand en France, en 2017, on supprime l'ISF, c'est pour dire : "Sinon, il va y avoir de l'exil fiscal". Mais on peut lutter contre l'exil fiscal. On peut lutter contre l'évasion fiscale des riches. Il faut déjà accepter de dire que ce n'est pas une fatalité. On peut mettre en place des registres de la fortune, des registres publics des actifs financiers des plus riches pour savoir où sont logés les actifs offshore. Aujourd'hui, les administrations fiscales s'échangent ces informations, mais elles restent extrêmement parcellaires. Elles comptent notamment sur les intermédiaires financiers pour le faire. Or, ce que montre ce scandale, c'est que ces intermédiaires financiers sont au centre de l'ingénierie fiscale. Ils aident les plus riches à échapper à l'impôt. Il faut arrêter de compter sur eux pour transmettre les informations aux autorités fiscales. Il faut simplement demander ce que ça soit rendu public pour aider à avoir une politique fiscale plus juste.

Ces personnes fortunées répondent que ces pratiques sont légales... 

C'est pour cela qu'il faut une réforme internationale, de la même manière que la fiscalité des multinationales qui délocalisent dans les paradis fiscaux, c'est légal aussi. L'évasion fiscale, c'est la zone grise entre la légalité et l'illégalité. Et c'est des gens, tout comme les Panama Papers, qui ont joué sur les failles du droit international pour éviter de payer des impôts. Donc aujourd'hui, effectivement, il faut une réaction internationale. Mais pour ça, il faut aussi des ONG, une société civile très forte, des journalistes qui jouent ce rôle de vigile auprès des décideurs politiques qui disent : "Non, ce n'est pas acceptable que vous vous soustrayez à la solidarité nationale en évitant de payer des impôts."

Article rédigé : source /franceinfo Radio France Publié le 04/10/2021 12:14

Mis à jour le 04/10/2021 12:44 Temps de lecture : 4 min.

Une vue aérienne du centre financier de Panama City, le 25 avril 2019.

Photo d'illustration. (LUIS ACOSTA / AFP) Une vue aérienne du centre financier de Panama City, le 25 avril 2019. Photo d'illustration.

(LUIS ACOSTA / AFP)

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