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UNION DES FEMMES SOLIDAIRES DE SINFRA / CONFERENCE PRONONCEE PAR L’INSPECTEUR GENERAL LAURENT OULOTE

THEME : UN ELEVE, UN AVENIR. CEREMONIE DE DISTRIBUTION DE KITS SCOLAIRES AUX ELEVES ISSUS DES FAMILLES DEMUNIES LE SAMEDI 10 SEPTEMBRE 2022, SOUS LE HAUT PRATRONAGE DE MONSIEUR ZORO EPIPHANE, MINISTRE DE LA PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE ET DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET SOUS LA PRESIDENCE DE MONSIEUR CHRISTOPHE KACOU BREDOUMOU, PREFET DU DEPARTEMENT DE SINFRA CONFERENCE PRONONCEE PAR L’INSPECTEUR GENERAL LAURENT OULOTE THEME : UN ELEVE, UN AVENIR.

 Monsieur le Ministre de la Promotion de la Bonne Gouvernance et de la Lutte contre la Corruption, Patron de la présente Cérémonie de distribution des Kits, Monsieur le Préfet, Président de ladite cérémonie, Mesdames et messieurs, Lorsque j’ai été approché par le Comité d’Organisation de l’Union des Femmes Solidaires de SINFRA pour ma petite contribution à cette cérémonie de distribution de kits scolaires aux élèves issus des familles démunies, mon premier réflexe a été de demander à la Présidente ce qu’elle attendait de moi à travers le thème proposé suivant : UN ELEVE, UN AVENIR. La réponse sans équivoque a été celle-ci : une communication qui puisse s’accommoder de la présente cérémonie. Ce thème est certes vaste, mais compte tenu des attentes de l’Union des Femmes Solidaires de SINFRA, la communication va se limiter aux conseils à prodiguer à une partie de la communauté éducative. Ce qui aide au choix de la problématique suivante : QUELLE RESPONSABILITE FAMILIALE POUR UN AVENIR RADIEUX DE L’ENFANT ? Monsieur le Ministre, Monsieur le Préfet, Mesdames et messieurs, Echanger autour de ce thème, dans ce contexte précis, impose une approche en deux grandes parties : dans un premier temps nous allons échanger sur la responsabilité parentale et dans un second temps nous parlerons de l’implication ou de la responsabilité de l’enfant pour son propre avenir.

 1-La responsabilité parentale Contrairement à l’entendement de nombre de nos compatriotes, l’école ne saurait se substituer à l’autorité voire à la responsabilité parentale pour garantir un avenir radieux à l’enfant. Des parents d’élèves trouvent souvent malin plaisir en déposant leurs enfants dans les structures de formation en début d’année scolaire, sans créer les conditions idoines d’apprentissage et attendent à ce que le miracle se produise en terme de résultats à la fin de cette année. Finalement, on se rend à l’évidence d’une désillusion totale qui, si l’on n’y prend garde du fait de la récurrence de celle-ci, impacte négativement l’avenir de l’enfant. Afin d’éviter cette situation malencontreuse, que doit faire un parent d’élève ? Monsieur le Ministre, Monsieur le Préfet, Mesdames et messieurs, Loin de donner la panacée pour un avenir certain de l’enfant, nous vous proposons une recette parmi tant d’autres, nécessaire à la réussite scolaire devant déboucher sur l’insertion socio-professionnelle de celui-ci. Ainsi, tout parent d’élève doit savoir qu’il y a, dans l’année scolaire, trois grandes périodes pour l’éducation et l’instruction de l’enfant : la période de la pré-inscription, la période de l’inscription et la période post-inscription.

1-1 La période de la pré-inscription Cette période est généralement soit méconnue, soit peu considérée par la plupart des parents d’élève. En tout état de cause, elle est l’objet d’inattention démesurée de la part d’une frange importante de la communauté éducative. Or, c’est au cours de cette période qu’il faut préparer la rentrée scolaire et surtout l’inscription. La responsabilité du parent est d’autant plus importante que personne ne doit en principe se laisser surprendre par la rentrée. S’inspirant des réalités de l’année scolaire écoulée, le parent d’élève ne doit logiquement pas attendre la vente des produits de rente ou les prêts scolaires avant de penser à l’inscription de son enfant ; car ce dernier une fois inscrit, peut commencer les cours en attendant de réunir les autres moyens nécessaires à sa prise en charge totale. 1-2 La période de l’inscription Chaque année, sur proposition du Ministre de tutelle, la date de la rentrée des classes est fixée en Conseil des Ministres. Par rapport à cela, la période des inscriptions est connue de tous. Malheureusement, des parents d’élèves ne se bousculent pas pour l’observation du calendrier établi à cet effet. Ce qui occasionne des désagréments de tout genre. Entre autres, on note le retard du démarrage effectif de l’année académique et ses conséquences comme l’apprentissage tronqué et les mauvais résultats scolaires.

Que les parents d’élève sachent que les épreuves des examens à grand tirage sont les mêmes sur toute l’étendue du territoire ou dans chaque zone. Il n’y a pas d’épreuves à part pour les enfants retardataires dont les parents n’ont pas vite vendu les produits de rente ou dont les géniteurs n’ont pas eu de prêt scolaire à temps. Nous sommes alors tous interpellés quant au respect des instructions de la hiérarchie pour la reprise des cours à la date indiquée. C’est du reste pour cette raison que l’Union des Femmes Solidaires de SINFRA met des kits à disposition ce jour. Il importe pour nous, dès cet instant précis, d’emboiter le pas à ces Femmes généreuses en mettant des articles scolaires à la disposition de nos enfants pour la reprise effective du chemin des classes le lundi 12 septembre 2022. 1-3 La période post-inscription Elle est incontestablement la plus longue et la plus délicate. Le parent d’élève doit alors être plus responsable en terme de vigilance, de suivi et de disponibilité dans la collaboration avec l’administration scolaire de l’élève ; en un mot, il doit tout mettre en œuvre pour la création des conditions idoines à l’apprentissage de son enfant. C’est pourquoi, il ne doit pas abandonner l’enfant au tuteur, à l’école, à lui-même. Il doit savoir et comprendre les besoins de l’enfant et faire spontanément face aux charges subséquentes. Aussi, est-il important de souligner que le parent doit avoir une autorité positive sur son enfant de sorte que ce dernier ait un comportement exemplaire partout où il se trouve. C’est pourquoi, un parent qui est surpris de ce que son fils, qui est sous son toit, est en congé anticipé ou que ce dernier conduit un mouvement de grève injustifiée n’est pas exempt de reproche. Monsieur le Ministre Monsieur le Préfet Mesdames et messieurs, Voilà, de façon sommaire, les responsabilités des parents devant garantir un apprentissage sans faille pour un avenir certain de l’élève. Qu’en est-il aussi de l’implication ou de la responsabilité de l’enfant ?

 2- La responsabilité de l’enfant A l’instar du parent, l’enfant a une très grande responsabilité pour la garantie de son propre avenir. Succinctement, nous allons nous attarder sur quelques aspects de sa responsabilité, à travers ses différentes attitudes. 2-1 L’attitude de l’élève en salle de classe En plus de certaines conditions de l’apprentissage ne dépendant pas de l’élève, il s’impose à l’apprenant d’être assidu, ponctuel, attentif aux cours, studieux et respectueux. Ces qualités ne sont ni facultatives, ni dissociables car l’élève qui en manque une seule des cinq ou qui n’en a rien du tout s’expose à une formation tronquée ; d’où la prise de raccourci, dans nombre des cas, comme la fraude et la tricherie qui sont règlementairement proscrites et qui exposent leurs auteurs à des situations désagréables.

 2-2 L’attitude de l’élève en dehors des salles de classe 2-2-1 En famille Le premier environnement d’éducation est incontestablement la famille. L’enfant a par conséquent l’obligation d’écouter et de respecter ses parents. Un enfant non respectueux en famille n’a donc pas de repère pour une attitude exemplaire dans la société en général et à l’école en particulier. 2-2-2 En dehors de la famille et de l’école Cette catégorie d’environnement est de nos jours très dangereuse pour une jeunesse moralement fragile, eu égard aux différents vices qui la minent. C’est dans cet environnement précis que se trouvent souvent les mauvaises compagnies friandes des pratiques très peu ou non recommandables. Entres autres, la consommation abusive de l’alcool, des stupéfiants et particulièrement de la drogue, le visionnage des films obscènes, le développement des pensées associables sont monnaie courante. Toutefois, un enfant exemplaire en famille et à l’école arrive facilement à se démarquer de ces attitudes sus-indiquées, frappées du sceau de la pseudo-modernité ou de la pseudo-civilisation.

Monsieur le Ministre, Monsieur le Préfet, Mesdames et messieurs, Voilà en quelques mots, notre contribution en guise de renforcement des capacités à la bonne gouvernance parentale ; et ce, de nature à aider les enfants à la réussite scolaire et par ricochet à un avenir certain et non à un certain avenir non souhaité pour une Cote d’Ivoire dans le processus irréversible de l’émergence.

JE VOUS REMERCIE

INSPECTEUR GENERAL LAURENT OULOTE

Routes Daloa-Issia et autres : précisions après la vidéo de GuyGuy le grouilleur (Côte d’Ivoire)

Que peut-on dire de la réalité des travaux de réhabilitation projetés sur des routes en Côte d’Ivoire, à la suite d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le mardi 1er novembre 2022 ?

Dans une vidéo publiée et partagée de bonne foi aussi bien par l’auteur que par d’autres internautes, un citoyen se faisant appeler GuyGuy Le Vrai Grouilleur a parlé de l’état dégradé et déplorable de la route Daloa-Issia. La vidéo n’est pas à l’état brute. Elle a été montée, et tournée en plusieurs séquences.

 Interpelant le président de la République, l’auteur de la vidéo a plaidé pour la réhabilitation du tronçon sur lequel les usagers font deux heures de route pour 41 km à parcourir.

 Des travaux de réhabilitation déjà envisagés sur plusieurs routes

Routes Daloa-Issia et autres : précisions après la vidéo de GuyGuy le grouilleur (Côte d’Ivoire) Selon des informations recueillies par Afrikipresse, ce dossier est déjà connu des autorités ivoiriennes, qui n’ont pas attendu la vidéo pour engager des travaux de réhabilitation sur ce tronçon, ainsi que sur d’autres routes.

C’est ainsi qu’Afrikipresse a appris que dans le but de faciliter la circulation des biens et des personnes, le Gouvernement ivoirien a entrepris des travaux de construction et de réhabilitation de plusieurs routes sur tout le territoire national.

 Il s’agit notamment des routes :

1) Yamoussoukro – Bouaflé – Daloa,

2) Daloa – Duékoué – Man – Zouan-Hounien,

3) Dimbokro – Bocanda – Ananda,

4) Daoukro – Ouellé – Koffi Amonkro,

5) Agnibilekrou – Bondoukou,

6) Kanawolo – Korhogo, etc…

Le cas de la route Daloa-Issia Routes Daloa-Issia et autres : précisions après la vidéo de GuyGuy le grouilleur (Côte d’Ivoire) Capture d’écran de la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il a été également rapporté que relativement aux axes Man – Biankouman – Touba – Odienné et San-Pedro – Issia – Daloa – Séguéla – Kani, la recherche des financements est en cours en vue des travaux de renforcement.

En réalité, un programme est en cours, avec des interventions qui suivront sur cet axe au même titre que ceux déjà enregistrés sur

: 1- Yamoussoukro- Bouaflé – Daloa,

2- Daloa – Duekoué – Man – Danané – Zouan-Hounien, etc… Traitement provisoire des zones difficiles dans l’attente

 Routes Daloa-Issia et autres : précisions après la vidéo de GuyGuy le grouilleur (Côte d’Ivoire) «Toutefois, dans l’intervalle, les zones difficiles seront traitées afin de favoriser la circulation des usagers», a rassuré une source qui laisse entendre qu’avant même la vidéo en question, le gouvernement ivoirien était déjà saisi de la question, et qu’il est pleinement à l’écoute des préoccupations des populations.

 Avant ces précisions qui laissent entendre une ignorance des travaux envisagés par les autorités ivoiriennes de la part de l’auteur de la vidéo, il est à noter que les allusions de celui-ci à l’ethnie bethé dans la vidéo, (même si l’auteur a dit être lui-même bethé), ont été critiquées par des observateurs qui ont mis en garde contre la stigmatisation ethnique.

Philippe Kouhon Routes Daloa-Issia et autres : précisions après la vidéo de GuyGuy le grouilleur (Côte d’Ivoire)

Côte d’Ivoire: Kineden Commodities séduit les investisseurs internationaux

Le négociant de cacao créé en 2014 vient de lever 40 millions de dollars sur les marchés internationaux pour produire de l’or brun certifié « durable ». Kineden, négociant de cacao du premier producteur mondial, a levé sur les marchés financiers internationaux 40 millions d’euros pour investir dans un « cacao durable », exigence notamment de l’Union européenne (UE), a annoncé son directeur général le 4 novembre. « Kineden va investir sur trois ans 40 millions d’euros » pour améliorer la chaîne de transformation et « se préparer à intégrer les meilleures pratiques en matière de durabilité, de certification, de traçabilité du cacao », a déclaré à la presse à Abidjan Stéphane Apoque, directeur général de Kineden Commodities. 

Bras de fer entre l’Opep du cacao et multinationales « Un cacao durable est un cacao qui rémunère mieux le paysan, et Kineden, étant un acteur local proche des paysans », va être à même de le faire, a-t-il encore assuré. Ce financement intervient alors que la tension est montée d’un cran entre, d’un côté, la Côte d’Ivoire et le Ghana, représentant environ 60 % de la production mondiale de cacao, et, d’autre part, les géants du chocolat.

Les deux pays exigent l’application d’un nouveau mécanisme de fixation des prix visant à améliorer les revenus des producteurs de cacao, tandis que les chocolatiers veulent s’approvisionner en « cacao durable », « sans déforestation ou travail d’enfants ».

100 milliards de dollars par an Le cacao de Côte d’Ivoire, qui représente 45 % de la production mondiale, compte pour 14 % du PIB national et nourrit 24 % de la population de ce pays d’environ 27 millions d’habitants. La Côte d’Ivoire et le Ghana ont instauré en 2021 un « Différentiel de revenu décent » (DRD), une prime de 400 dollars par tonne (en sus du prix du marché) destinée à mieux rémunérer les planteurs (qui sont des millions à vivre dans la misère en Afrique de l’Ouest) et à « assurer une durabilité à l’économie cacaoyère ».

À lire Quel bilan pour l’usine Cémoi, petit Poucet de l’or brun ivoirien ?

Les planteurs sont les parents pauvres du secteur: ils ne perçoivent que 6 % des 100 milliards de dollars annuels que génère le marché mondial du cacao et du chocolat, verrouillé par les grands industriels. En Côte d’Ivoire, plus de la moitié des planteurs vivent sous le seuil de pauvreté, selon une étude de la Banque mondiale. La situation est comparable au Ghana, où quelque 800 000 familles vivent du cacao.

(avec AFP)

 Quel bilan pour l’usine Cémoi, petit Poucet de l’or brun ivoirien ? Avec son chocolat « made in Côte d’Ivoire », Cémoi relève le défi de la transformation locale. Mais pas encore celui de la rentabilité.

 Unité de production de chocolat en pâte, dans une usine Cémoi, à Abidjan. © Jacques Dans ce dossier

Depuis 2015, l’usine du chocolatier français Cémoi, installée dans la zone industrielle de Yopougon, à Abidjan, produit des tablettes de chocolat à partir de cacao récolté dans le pays. Alors que tous les mastodontes du secteur (Cargill, Barry Callebaut, Olam…) sont présents en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves, seuls deux acteurs ont franchi le cap de la confection locale de produits finis : Cémoi, racheté en juillet 2021 par le groupe belge Sweet Products, et Professional Food Industry (PFI), filiale du groupe ivoirien Satoci. Certes, les volumes sont modestes puisque le pays ne transforme (au premier stade du broyage, majoritairement) qu’un tiers de sa production annuelle, laquelle s’élève à 2 millions de tonnes. Pourtant, le gouvernement a rappelé en juin son ambition de voir, d’ici à 2025, au moins 50 % de la production locale être transformée sur place. Dans ce contexte, l’expérience Cémoi peut-elle servir de référence ? Aussi encourageante soit-elle, elle témoigne des défis que doit relever un secteur obligé de se réformer s’il veut être plus durable, mieux résister aux variations des cours mondiaux des matières premières et être davantage rémunérateur pour les producteurs. Nous sommes un petit acteur, mais nous maîtrisons toute la chaîne de valeur Modèle de proximité

Cacao en poudre, carrés pour le café, bâtons boulangers, pâte à tartiner, et peut-être bientôt noix de cajou et mangue confite enrobées : la principale réussite de Cémoi est de démontrer qu’il est possible de réaliser sur place toute une gamme de produits chocolatés. Il y a sept ans, au moment de l’ouverture de l’usine (qui représentait un investissement de 8 millions d’euros), beaucoup en doutaient. Mais les chiffres sont là : des 70 000 tonnes de fèves broyées annuellement sur le site sortent 10 000 tonnes de chocolat. À Lire Côte d’Ivoire-Ghana : « l’Opep du cacao » doit-elle croire aux primes de Nestlé ? L’usine, qui emploie 1 000 salariés et mobilise un réseau de 60 000 planteurs, réalise environ 230 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. « Nous sommes un petit acteur, le volume de nos achats de fèves ne représente que 3% du marché national, mais nous maîtrisons toute la chaîne de valeur », souligne Lona Ouali, directeur général de Cémoi Côte d’Ivoire depuis bientôt trois ans.

Il nous faut augmenter considérablement nos ventes Implanté dans le pays depuis 1996, le groupe y a développé un modèle de proximité éprouvé en Amérique du Sud par sa filiale Kaoka. Il est ainsi présent sur le terrain aux côtés de coopératives affiliées et partenaires, assurant soutien technique, formation et paiement d’une prime de qualité de 120 F CFA le kilo (0,18 euro). Cela lui permet de garantir la traçabilité des fèves qui arrivent à son usine avant d’être traitées et transformées en pâte, beurre et poudre de cacao.

Si la majeure partie de cette production est exportée en Europe pour alimenter les autres sites du groupe, le reliquat continue son chemin dans la chocolaterie (aux normes internationales) qui jouxte l’usine et ressort sous forme de produits finis, vendus en Côte d’Ivoire ainsi qu’au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Bénin, au Gabon et en République centrafricaine. « Notre modèle combine transparence de l’approvisionnement, qualité du produit et juste rémunération des producteurs, le maillon faible de la chaîne aujourd’hui. Il répond ainsi aux exigences des autorités locales, qui souhaitent redonner du pouvoir aux planteurs, et à celles de l’Europe, qui appelle à la construction d’une filière plus durable », reprend Lona Ouali, ancien de Barry Callebaut qui a rejoint Cémoi en 2008.

 L’usine qu’il dirige a aussi été la première dans le pays à se lancer dans la production de cacao bio, sur une surface toutefois modeste (10 hectares). Elle a également testé avec succès le paiement par voie électronique des coopératives, une innovation que les grands acteurs du secteur se sont engagés à adopter afin de limiter les pratiques opaques. Actions de reboisement et promotion de l’agroforesterie font aussi partie de l’ADN du groupe. Créer la demande locale Malgré ces points positifs, l’expérience Cémoi a ses limites. La plus importante : les volumes de ventes, encore trop modestes pour atteindre la rentabilité. « Il nous faut augmenter considérablement nos ventes, en particulier locales, en développant des produits de qualité qui restent malgré tout accessibles », résume Lona Ouali, qui table sur le quintuplement de la consommation dans les dix prochaines années. Or, malgré l’essor de la classe moyenne et l’émergence d’une appétence pour le chocolat dans la sous-région, la consommation demeure faible, et variable d’un pays à l’autre.

Si elle atteint en moyenne 1 kilo par an et par habitant au Sénégal et au Cameroun, le chiffre tombe à 150 grammes en Côte d’Ivoire. Cémoi doit aussi inventer de nouvelles recettes adaptées au climat et aux habitudes alimentaires locales. Cela signifie, par exemple, favoriser les produits à base de poudre de cacao, plus digestes lorsqu’il fait chaud, au détriment de ceux contenant du beurre. Ou encore remplacer les noisettes par des noix de cajou dans la pâte à tartiner. Les règles douanières en vigueur, encourageant le commerce ouest-africain, ne sont pas appliquées Un important travail doit aussi être réalisé s’agissant des formats, des contenants et des canaux de distribution, un point sur lequel le groupe a investi en poussant ses produits dans les supermarchés, supérettes et boutiques de quartiers.

« C’est coûteux et difficile en raison de la forte concurrence des produits importés, qui sont de moindre qualité mais aussi moins chers », concède le directeur général de Cémoi.

 Expansion sous-régionale Autre écueil, l’essor du modèle Cémoi reste tributaire de la stratégie cacao déployée par les pouvoirs publics. Pour le chocolatier, les incitations (notamment fiscales) et les mesures prises vont dans le bon sens, encourageant les implantations d’usine et les investissements visant à augmenter les capacités de broyage. Même constat pour le travail effectué par le régulateur du secteur, le Conseil café-cacao. Néanmoins, la modernisation doit se poursuivre, en particulier dans deux domaines cruciaux pour Cémoi : la consolidation des coopératives et la suppression des intermédiaires. Une En outre, le statut particulier du groupe – un chocolatier de taille modeste évoluant sur un marché dominé par des géants du négoce – demeure un handicap. Il est par exemple soumis, comme tous les acteurs, au système de couverture des contrats à long terme alors que, pour conquérir de nouveaux marchés, il aurait besoin de flexibilité et de pouvoir honorer des contrats à court terme.

Le dernier obstacle à surmonter, et non des moindres, tient à la difficulté de construire une expansion sous-régionale. Barrières douanières, contraintes logistiques, coût de l’approvisionnement en sucre (composant indispensable des recettes) rendent l’ouverture de nouveaux marchés lente et complexe. « Force est de constater que les règles douanières en vigueur encourageant le commerce ouest-africain ne sont pas appliquées. Sinon, il n’y aurait pas autant d’obstacles qui nous empêchent, dans les faits, de vendre au Nigeria par exemple », conclut Lona Ouali.

Estelle Maussion9 août 2022 à 11:08 Torregano pour JA.

 À lire Côte d’Ivoire-Ghana : cinq questions pour comprendre la bataille autour du cacao Côte d’Ivoire-Ghana : cinq questions pour comprendre la bataille autour du cacao 

Traçabilité totale des fèves d’ici à 2024, annonce d’une première vente à un prix encourageant… Depuis 2018, Abidjan et Accra ont engagé un bras de fer avec la filière de l’or brun pour défendre la place des planteurs. État des lieux.

 Les deux plus grands producteurs de cacao du monde que sont la Côte d’Ivoire et le Ghana ont noué une alliance en 2018 pour défendre les intérêts de leurs filières cacaoyères. LE DECRYPTAGE DE JA – Les deux pays ouest-africains ont noué une alliance dans le but de faire pièce aux acteurs internationaux du secteur du cacao. Pourquoi ce partenariat était-il nécessaire ? Est-il véritablement efficace ? Comment l’axe Abidjan-Accra se positionne-t-il sur le plan international ? Quelles sont les retombées pour les planteurs ? Jeune Afrique fait le point des enjeux et défis qui se posent dans ce secteur stratégique.

 1. Pourquoi la Côte d’Ivoire et le Ghana ont-ils noué une alliance ?

 Réhabiliter la place des cacaoculteurs en augmentant leur rémunération. C’est l’objectif principal de l’alliance, surnommée « Opep du cacao », nouée en 2018 par la Côte d’Ivoire et le Ghana. Ces deux pays, premier etdeuxième producteur mondial de fèves (avec respectivement 2,2 millions et 1 million de tonnes produites lors de la campagne 2020-2021), assurent près de 70 % de l’approvisionnement de cacao au niveau international. Forts de cette position, ils veulent corriger un écueil historique qui fait des planteurs le maillon le plus faible – alors qu’il est indispensable – de la chaîne cacaoyère.

LES PAYS PRODUCTEURS NE TOUCHENT QUE 6 % DES RECETTES D’UN MARCHÉ DE 130 MILLIARDS DE DOLLARS 11 octobre 2022 à 13:47

Par Estelle Maussion Mis à jour le 11 octobre 2022 à 18:38 Mazin Rosine / Aurimages via AFP – Montage JA

Diplomatie et bonne éducation ! "A l’évidence, le Premier ministre actuel du Mali n’est pas de la caste des griots, et n’a aucune notion de diplomatie. Je dirais même d’éducation

Par Venance Konan/

***L’un de nos grands diplomates, aujourd’hui à la retraite, m’a raconté un jour que lorsque Thomas Sankara qui dirigeait alors le Burkina Faso fit sa sortie musclée devant le président français François Mitterrand, Houphouët-Boigny, le président ivoirien, l’envoya de toute urgence auprès de Sankara. Il le chargea de lui dire d’aller présenter ses excuses au président français, parce qu’on n’humilie pas le dirigeant d’une grande puissance en public. Parce qu’il réagira toujours.

Pour démontrer sa puissance et sans le crier sur tous les toits. En privé, en tête à tête ou lors d’une réunion restreinte, on peut se dire toutes les vérités ; mais en public, on utilise ce que l’on appelle le langage diplomatique. Lorsque l’on est un bon diplomate, l’on peut dire toutes les vérités, même les plus dures, à son adversaire, même le plus puissant et le plus susceptible, mais sans le blesser, sans l’humilier. Etre un bon diplomate n’est pas donné à tout le monde.

Il y a des personnes que l’on a qualifiées de grands diplomates parce qu’elles se sont illustrées dans le genre. C’est pour cela que dans de nombreux pays, il y a des écoles de diplomatie. Il y a ceux qui en ont le don et ceux qui l’apprennent. A l’école ou sur le tas. Généralement les vrais griots sont de grands diplomates. L’on raconte que lorsqu’il y eut une brouille entre les présidents Sékou Touré de la Guinée et Modibo Kéïta du Mali, au début de nos indépendances, c’est un griot qui, en chantant leurs louanges publiquement, arriva à les réconcilier. Thomas Sankara refusa de s’excuser et traita publiquement Houphouët-Boigny de « garde-chiourme de l’impérialisme ». Tout le monde sait comment Thomas Sankara est mort. Je ne saurais dire qu’il y a un lien entre ses propos devant Mitterrand et sa mort violente.

A l’évidence, le Premier ministre actuel du Mali n’est pas de la caste des griots, et n’a aucune notion de diplomatie. Je dirais même d’éducation. Car dans le langage courant, dire d’une personne qu’elle a le sens de la diplomatie signifie qu’elle a de l’éducation et sait comment s’adresser aux autres sans les blesser. Ce n’est vraiment pas le cas de l’actuel Premier ministre malien. A la tribune de l’ONU, il s’est attiré les applaudissements des seuls membres de sa délégation, parce que les autres personnes dans la salle qui sont des vrais diplomates savaient, elles, qu’il était en train de commettre une faute lourde, de se fourvoyer totalement. Il s’est attiré aussi sur les réseaux sociaux les encouragements des prétendus panafricanistes qui poussent la junte malienne vers l’abîme et il en est certainement très fier. Des Maliens l’ont acclamé dans les rues de New York en lui disant : « tu as bien parlé à ces colons et à leurs suppôts. Tu es un vrai Africain. » Il sera probablement reçu en héros lorsqu’il rentrera dans son pays. Le pauvre ! Il ne sait pas dans quoi il vient d’engager le pauvre Mali.

C’est notre Houphouët-Boigny qui disait que la politique est la saine appréciation des réalités du moment. Je souhaite à nos frères maliens d’avoir bien apprécié les réalités du moment et les rapports de force. C’est important, en politique, de bien apprécier les rapports de force et de bien apprécier les gains et les pertes à chaque décision que l’on prend, à chaque mot que l’on prononce. En son temps Sékou Touré avait prononcé son fameux « non » à la France. Il est devenu le héros d’une bonne partie de la jeunesse africaine d’alors. 64 ans après, nous voyons tous dans quel état se trouvent la Guinée son pays, et les Guinéens. Et pourtant ce pays regorge d’immenses richesses. Patrice Lumumba aussi avait dit ses quatre vérités au roi des Belges. Nous voyons dans quel état se trouve le Congo aujourd’hui, malgré ses immenses richesses.

 En politique comme en toutes choses, il est bon d’avoir de l’audace. Mais l’audace mal utilisée crée souvent des héros morts. Et un héros mort ne sert pas à grand’chose. Je ne vois pas bien ce que le Mali, pays enclavé, pauvre parmi les pauvres, complètement dépendant de l’aide des autres sur pratiquement tous les plans, a à gagner à se mettre tout le monde, à commencer par ses voisins les plus essentiels à dos. Surtout maintenant qu’il a à faire face à la terreur des islamistes. Il compte sur qui ? Les Russes ? J’ai bien peur qu’à l’allure où vont les choses actuellement en Ukraine, ce ne soient les Russes qui aient bientôt besoin des soldats Maliens.

 En tout cas, je souhaite beaucoup de courage à nos frères maliens en les invitant à méditer ces vers du poème « Si » du Britannique Rudyard Kipling : « si tu peux être brave et jamais imprudent…tu seras un homme, mon fils ».

Venance Konan

Côte d'Ivoire-Mali : L'ONU hausse le ton et appelle à une « libération immédiate » des 46 soldats ivoiriens injustement détenus à Bamako

Dans un communiqué rendu public, ce lundi 26 septembre 2022, le Secrétariat des Nations Unies (ONU) appelle à « la libération urgente » des militaires ivoiriens détenus par la junte militaire du Colonel Assimi Goïta. "Le Secrétariat des Nations Unies, Antonio Guterres appelle à la libération urgente des soldats ivoiriens détenus dans l'esprit des relations fraternelles entre les peuples de Côte d'Ivoire et du Mali.", relève-t-on. Le diplomate portugais y exprime "sa profonde préoccupation face à la détention continue depuis le 10 juillet des soldats ivoiriens à Bamako." et "réitère sa profonde appréciation de la contribution de la Côte d'Ivoire aux opérations de paix de l'ONU et à la MINUSMA en particulier".

Dans un communiqué rendu public, ce lundi 26 septembre 2022, le Secrétariat des Nations Unies (ONU) appelle à « la libération urgente » des militaires ivoiriens détenus par la junte militaire du Colonel Assimi Goïta.

« Le Secrétariat des Nations Unies exprime sa vive préoccupation face au maintien en détention depuis le 10 juillet de militaires ivoiriens à Bamako. Les Nations Unies réitèrent leur profonde gratitude pour la contribution de la Côte d’Ivoire aux opérations de paix des Nations Unies et à la MINUSMA, en particulier », lit-on dans la note publiée sur le site de l’Organisation des Nations-Unies (ONU).

« Le Secrétariat des Nations Unies appelle à la libération urgente des militaires ivoiriens détenus dans l’esprit des relations fraternelles entre les peuples de Côte d’Ivoire et du Mali. A cet égard, il soutient fermement tous les efforts visant à faciliter cette libération ainsi que le rétablissement de la confiance et la promotion du bon voisinage entre les deux pays », souligne le communiqué.

Qui ajoute : « Le Secrétariat des Nations Unies exprime sa profonde préoccupation concernant la détention depuis le 10 juillet de soldats ivoiriens à Bamako ». Cette annonce intervient après celle de la CEDEAO qui a demandé la libération des soldats ivoiriens que le Colonel Abdoulaye Maïga, a encore présenté, à la tribune des Nations Unies, comme des « mercenaires », alors que la justice malienne elle-même n’a pas qualifié cette infraction.

Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait réclamé la libération des 46 militaires ivoiriens détenus par la junte malienne, depuis plus de deux mois. « Ce ne sont pas des mercenaires. C’est évident. Et je fais appel aux autorités maliennes pour que ce problème puisse se résoudre », avait-il déclaré, au cours d’une interview, en marge des assemblées générales de l’ONU.

Au Mali détention des 46-soldats ivoiriens la médiation de la dernière chance .

Assimi Goïta est désormais sur une pente raide La patience a des limites. Les chefs d'Etat de la Cedeao vont mener l'ultime médiation au Mali. Ce jeudi 22 septembre 2022, les chefs d'Etat de la sous-région ont, à l'unanimité, condamné la détention des 46 soldats ivoiriens au Mali. Ils ont relevé "un chantage" de la junte militaire malienne, qu'ils ont invitée à libérer sans délai les 46 soldats ivoiriens. Bien avant cette conférence extraordinaire, tour à tour, les présidents Sénégal, du Niger et de la Guinée-Bissau ont rappelé l'illégalité des arrestations, avant d'appeler les autorités maliennes à libérer les soldats. Le ministre des affaires étrangères du Nigeria, qui a été dépêché au Mali, vendredi 9 septembre 2022, par son président, Muhammadu Buhari, a clairement expliqué qu'il était porteur d'un message clair à Assimi Goïta, chef de la junte malienne. Pour lui, plus question de maintenir en détention les soldats maliens. "L'extradition des opposants maliens en en échange des soldats ivoiriens sont deux choses différentes", a-t-il dit en substance au micro des journalistes de RFI et France 24.

Mardi prochain, ce sera la mission de la dernière chance au Mali avant l'entrée dans un conflit dur où la Côte d'lvoire ne fera plus de cadeaux à son voisin"

 Le président ivoirien Alassane Ouattara a appelé, mercredi 21 septembre dernier, à la tribune des Nations unies, le Mali à libérer sans délai les soldats ivoiriens. La mission de Haut niveau est considérée, dans les chancelleries de la sous-région, comme la dernière. Selon de bonnes sources, Abidjan a préparé une série d'actions contre Bamako qui pourrait subir plusieurs mesures de rétorsion. Abidjan a étudié, depuis plusieurs semaines, les mesures susceptibles de faire plier le Mali. "Un membre de la délégation ivoirienne glissait à Rfi que le Mali ne doit pas oublier que la Côte d'lvoire fournit 20% de son électricité alors qu'il nous doit quelque 40 milliards de francs CFA de factures ď'électricité impayés. Mardi prochain, ce sera la mission de la dernière chance au Mali avant l'entrée dans un conflit dur où la Côte d'lvoire ne fera plus de cadeaux à son voisin", note Radio France internationale (Rfi).

Parce que le Mali dépend de la Côte d’Ivoire sur plusieurs plans : utilisation du port autonome d'Abidjan pour ses produits d'importation et d'exportation, fourniture en électricité, présence d'hommes d'affaires maliens avec de gros marchés. En tout cas, la Côte d'Ivoire est prête à activer des mesures coercitives. Dans la sous-région, les chefs d'Etat pourraient accompagner Abidjan dans sa réaction, puisque la quasi totalité des pays sont agacés par l'attitude de la junte militaire malienne.

Au Mali, la situation sécuritaire et sanitaire ne cesse de se dégrader, et le pouvoir d'achat des Maliens a considérablement baissé. Les prix des produits de première nécessité ont pris l'ascenseur et l'inflation galopante a largement entamé la qualité de vie des populations. Si au départ, Alassane Ouattara semblait réticent à des sanctions au regard de la situation générale du Mali, il est décidé, selon de bonnes sources, à réagir à la mesure de la provocation.

Les premières sanctions de la Cedeao ont été dures pour le Mali. De nouvelles sanctions, venant surtout de la Côte d’Ivoire mettront le Mali à terre.

Au sein de la junte malienne, des voix discordantes se font entendre. Parmi les colonels qui ont fait le putsch, il y en a qui ne partagent plus l'idée de la détention prolongée des soldats ivoiriens. Assimi Goïta aurait envisagé une libération enrobée de décision de justice. Vrai ou faux ? Difficile, pour l'instant, de le confirmer. Au sein des populations, en revanche, les guides religieux et une bonne brochette d'artistes maliens ont interpellé, en vain, Assimi Goïta sur les risques d'un conflit ouvert avec le voisin ivoirien. La junte malienne a donc le pistolet sur la tempe et un faux mouvement pourrait lui coûter chère. "Les premières sanctions de la Cedeao ont été dures pour le Mali. De nouvelles sanctions, venant surtout de la Côte d’Ivoire, mettront le Mali à terre. Le Sénégal, la Mauritanie, le Togo, le Burkina vers lesquels le Mali peut se tourner sont aujourd'hui humiliés par la junte, qui refuse de faire aboutir la médiation. Même le Nigeria est déçu ", confie un diplomate à lavenir.ci. Les jours à venir seront décisifs et la junte malienne est désormais dans l'œil du cyclone.

Publié le 24 Sep 2022 à 00:07 Yacouba DOUMBIA

Source  </phttps://www.lavenir.ci/politique/3437

« Antoine Cesareo avait un contact direct avec le président Houphouët-Boigny. Quand quelque chose, quelque part, ne fonctionnait pas comme le voulait le Président, il disait à ses collaborateurs : « allez voir Cesareo !

Ave Cesareo Antoine Cesareo. Ce nom ne dira certainement rien aux jeunes générations d’Ivoiriens, mais ils sont encore nombreux dans ce pays à avoir travaillé avec lui, à l’avoir côtoyé, ou à avoir entendu parler de lui. Son image est incrustée dans les vitraux de la basilique de Yamoussouskro, à côté de celles d’Houphouët-Boigny, de Pierre Fakoury et de tous ceux qui ont contribué à la construction de cette œuvre, selon la tradition des bâtisseurs d’édifices chrétiens.

Antoine Cesareo est décédé à l’âge de 88 ans, le lundi 19 septembre dernier, à Perpignan en France, son pays natal, où il résidait depuis son départ de Côte d’Ivoire. Je ne l’ai personnellement pas connu, mais en 1987, lorsque j’entrais dans la vie active après mes études, Antoine Cesareo était probablement l’homme le plus puissant de ce pays après Houphouët-Boigny. Il était en train de superviser la construction de la basilique de Yamoussoukro, mais il était surtout le tout-puissant directeur général de la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx) ou appelée tout simplement les « Grands Travaux », cette structure qui réalisait et gérait, comme son nom l’indique, tous les grands travaux de l’Etat, à savoir, la basilique, les routes, et tout ce que l’Etat considérait comme grand. Il était aussi celui qui négociait avec les institutions financières internationales, car la crise économique et financière avait déjà commencé dans le pays, et c’était le temps des ajustements structurels.

Cesareo avait la confiance, et d’Houphouët-Boigny, et des institutions financières internationales. Voici ce que feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui fit une bonne partie de sa carrière aux Grands travaux avant d’entrer en politique en dit, au temps de Cesareo : « au début des années 80, les Grands Travaux étaient au cœur du dispositif de l’Etat ivoirien. La DCGTx avait été rattachée directement à la présidence. Houphouët-Boigny avait compris que les grands projets devaient s’inscrire dans une approche à la fois sectorielle et globale, qu’il fallait couper court dans les divisions administratives, qu’il fallait une « centralité ». Progressivement, les Grands Travaux ont pris de l’importance. Tous les bureaux d’études intégrés dans les ministères ont été suspendus ou liquidés. » Et voici ce que l’ancien Premier disait d’Antoine Cesareo lui-même : « Antoine Cesareo avait un contact direct avec le président Houphouët-Boigny. Quand quelque chose, quelque part, ne fonctionnait pas comme le voulait le Président, il disait à ses collaborateurs : « allez voir Cesareo ! » Cesareo lui faisait alors part de ses idées, de ses souhaits, de ce qu’il jugeait bon pour le pays. Et inversement.

Les tensions étaient permanentes entre les ministères et les Grands Travaux. J’ai des souvenirs précis de certaines audiences. Nous partions voir le Président avec Cesareo pour exposer nos dossiers et nos projets. Cesareo apportait la lettre qui donnait des instructions à tel ou tel ministre, généralement celui de l’Economie et des finances. Il arrivait avec un stylo feutre, toujours neuf, qu’il tendait au Président. Le Président signait, et le secrétaire général de la présidence, Alain Belkiri, se chargeait du suivi. » Voici un peu l’homme qui vient de nous quitter, tel que décrit par l’ancien Premier ministre.

Ceux qui ont travaillé avec lui et avec qui j’ai pu discuter de lui l’ont décrit comme un homme d’une extrême rigueur, un peu rude parfois, mais d’une grande générosité dans sa vie privée. C’est peut-être cette rigueur et son côté rude qui ont fait se lever une fronde contre lui, au point d’amener Houphouët-Boigny à le débarquer brutalement, avant même la consécration de la basilique dont il avait supervisé la construction. Donnons encore une fois la parole au défunt Premier ministre sur le départ de Cesareo : « le Président Houphouët-Boigny a dû estimer que les cadres ivoiriens devaient davantage monter au front, mener le combat. Que Cesareo, malgré tous ses talents, avait fait son temps, en quelque sorte. Houphouët-Boigny a dû se dire qu’il ne pouvait pas avoir toutes ces personnalités qui sont ses ministres, dans une relation où ils sont frustrés d’être des « numéros deux » d’un Français, à un moment où tout change. Il y a un temps pour chaque chose et ce n’était plus le temps de Cesareo. Cela a dû être difficile pour lui, mais je crois que les choses se sont passées dans des conditions confortables. Et il a pu choisir son successeur. » Je ne l’ai personnellement pas connu, ni de près ni de loin comme je l’ai dit, mais je tenais à lui rendre cet hommage, parce que les témoignages que j’ai reçus de ceux qui l’ont connu m’ont conforté dans l’idée qu’il a eu à servir mon pays à une certaine époque et qu’il méritait que l’on s’incline devant sa mémoire.

Par : Venance Konan

Militaires ivoiriens détenus au Mali: Abidjan dénonce une «prise d'otage»

Les autorités maliennes de transition exigent que la Côte d'Ivoire extrade les personnalités politiques maliennes qui ont trouvé refuge à Abidjan. C’est une condition pour la libération des militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet dernier et toujours détenus. Cela fait plusieurs semaines que RFI a révélé cette exigence de Bamako, mais elle n'avait jamais été assumée publiquement.

Vendredi soir, dans un communiqué de la présidence malienne, le colonel Assimi Goïta lie clairement les deux dossiers : pas de libération de soldats ivoiriens sans extradition des politiques maliens en « contrepartie ». Abidjan est en colère.

« Nous considérons désormais qu'il s'agit d'une prise d'otage et d'un moyen de chantage. » Cette source proche de la présidence ivoirienne, qui préfère pour le moment s'exprimer hors micro, est outrée. « Ils veulent faire payer au président Ouattara l'embargo décidé par la Cédéao et l'Uemoa », estime cette source, en référence aux sanctions décidées par les organisations ouest-africaines et qui avaient frappé le Mali pendant six mois, entre janvier et juillet dernier, pour obtenir des engagements sur la tenue de futures élections.

 « Ces deux questions ne peuvent pas être liées, c'est du règlement de compte », juge encore cette source, qui assure que la libération des trois soldates, il y a tout juste une semaine, était censée être « le début d'un processus » et que les propos tenus vendredi par le président malien, le colonel Assimi Goïta, tiennent du « changement de discours ».

Ce haut responsable ivoirien affirme d'ailleurs que ce n'est pas la première fois : « Ils avaient promis fin juillet de ne pas judiciariser » l'affaire. Mais à la mi-août, les soldats ivoiriens détenus étaient officiellement inculpés pour, notamment, « atteinte à la sûreté de l'Etat ». Ils sont depuis dans l'attente de leur procès. Extradition exclue

 À ce stade, en tout cas, livrer les personnalités politiques maliennes qui ont trouvé refuge en Côte d'Ivoire est catégoriquement exclu par Abidjan. On parle du fils de l'ancien président IBK, Karim Keïta, de l'ancien Premier ministre Boubou Cissé et de l'ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly, contre lesquels la justice malienne a lancé des mandats d'arrêt internationaux dans différents dossiers.

 Toutes ces personnalités ne résident pas de manière permanente à Abidjan et ne s'y trouvent d'ailleurs pas forcément actuellement, même si elles y séjournent régulièrement. En tout état de cause, Abidjan refuse clairement de se soumettre à ce qui est considéré comme du « chantage ».

Dans sa déclaration officielle, le président malien de transition, le colonel Assimi Goïta explique qu’il s'agit d'une simple « contrepartie », sans laquelle la libération des soldats ivoiriens ne serait pas une « solution durable » mais, au contraire, « une solution à sens unique ».

Il est encore trop tôt pour dire si Abidjan pourrait durcir le ton, mais un Conseil national de sécurité devrait être convoqué en début de semaine prochaine, sur ce sujet. On sait que des moyens de pression, voire de représailles, existent : il y a trois millions de Maliens en Côte d'Ivoire et beaucoup d'intérêts économiques, puisque des milliers de camions maliens chargent chaque semaine des marchandises à Abidjan ou à San Pedro. La Côte d'Ivoire fournit aussi de l'électricité au Mali.« Nous faisons la différence entre la junte au pouvoir et les Maliens, rassure cette source ivoirienne, pour le moment, nous privilégions l'apaisement. » Mais évidemment, la question est de savoir jusqu'à quand. Autres pistes

« Nous faisons la différence entre la junte au pouvoir et les Maliens, rassure cette source ivoirienne, pour le moment, nous privilégions l'apaisement.

» Mais évidemment, la question est de savoir jusqu'à quand. Autres pistes D'autres pistes de négociation sont sur la table. Sur le plan économique, justement, le Mali souhaite que le président ivoirien Alassane Ouattara use de son influence pour obtenir des financements auprès de la Cédéao. Sur ce point, « le président Ouattara n'a pris aucun engagement, mais il pourrait plaider pour le Mali », assure notre source proche de la présidence ivoirienne, qui ajoute : « Mais seulement si les relations entre les deux pays vont dans le sens d'une normalisation, et en aucun cas en contrepartie de la libération de soldats qui n'ont rien fait. »

Pour rappel, les militaires ivoiriens avaient été arrêtés le 10 juillet dernier à leur descente d'avion, à l'aéroport de Bamako, alors qu'ils venaient au Mali dans le cadre d'un soutien à la mission des Nations unies dans le pays, la Minusma. Mais des dysfonctionnements administratifs ont conduit à leur arrestation. Des dysfonctionnements officiellement reconnus par Abidjan, lors de la libération des trois soldates la semaine dernière ; les termes « manquements » et « incompréhensions » ont été prononcés officiellement.

La Minusma a quant à elle accepté de remettre à plat ses procédures pour les rotations aériennes et de répondre aux exigences maliennes afin d'éviter de nouvelles situations de ce type. Pour autant, Bamako continue de considérer officiellement les soldats ivoiriens arrêtés comme des « mercenaires » venus déstabiliser le pays. Ce qui n'a pas empêché l'arrivée, il y a deux semaines, d'un nouveau contingent de 425 militaires ivoiriens, actuellement en poste à Tombouctou.

Photo d'Archive pour illustrer l'Article RFI

Yodé et Siro : « Nous devons faire confiance à Alassane Ouattara » Soldats ivoiriens arrêtés au Mali, réconciliation nationale, inflation… Le duo zouglou Yodé et Siro appelle à la mobilisation.

 Les deux membres du duo Yode et Siro. « Nous sommes comme le bon vin. Plus on vieillit, plus on devient bons.

» On aurait du mal à les contredire. Yodé et Siro, duo emblématique du zouglou, n’en finit plus de sortir des albums dont les titres font danser tous les maquis d’Abidjan. En octobre prochain, ils vont célébrer leur 25 ans de carrière. Un quart de siècle de rythmes endiablés et de textes – souvent – militants qu’ils comptent bien fêter dignement, et avec leur public. Leur dernier titre, Les 49, a déjà été vu plus d’un demi million de fois sur Youtube, à peine dix jours après sa mise en ligne.

Ces 49, ce sont les soldats ivoiriens qui ont été arrêtés au Mali, et qui sont depuis au centre d’une brouille diplomatique entre Alassane Ouattara et Assimi Goïta, dans laquelle Faure Essozimna Gnassignbé joue le rôle de médiateur. Si trois soldates ont été libérées depuis la sortie du single, les artistes n’en démordent pas : il faut rester mobilisé tant que tous les soldats ne sont pas « rentrés au pays ». Entretien avec Siro, moitié de ce duo contestataire – actuellement en France pour soutenir le groupe Les Patrons qui se produit au Zenith de Paris ce samedi 10 septembre – , qui assure « faire confiance » au chef de l’État ivoirien sur ce dossier, et appelle à la concorde entre les peuples.

Jeune Afrique : Votre dernière chanson, Les 49, évoque l’affaire des soldats ivoiriens emprisonnés à Bamako. Le texte adopte un ton conciliateur, loin du registre dans lequel vous vous êtes fait remarquer : pourquoi cet effort de diplomatie ?

 Siro : Pour nous, le treillis militaire, l’uniforme, représente une nation, et voir nos militaires emprisonnés nous déchire le cœur. La situation a créé beaucoup de colère et de tensions, certains Ivoiriens appelaient même à des manifestations. Nous avons voulu sortir cette chanson de sensibilisation pour accompagner la diplomatie. Nous devons faire confiance au chef de l’État sur ce dossier, il faut éviter de mettre de l’huile sur le feu.

 Et vous l’aurez remarqué, trois jours après la sortie de cette chanson de mobilisation pour maintenir la flamme d’espoir, trois soldates ont été libérées. Nous espérons que les autres recouvriront la liberté eux aussi, d’ici deux semaines. Notre priorité, c’est la libération de nos soldats. La chanson reste complètement d’actualité. Les 49, c’est un esprit, même s’il en reste 46 là-bas, pour nous ils seront toujours 49 : parce que c’est une équipe qui est partie, c’est une équipe qui doit revenir. Tant que ce ne sera pas le cas, nous poursuivrons la mobilisation.

S’ils ne venaient pas à être libérés dans les quinze jours comme vous l’espérez, que prévoyez-vous de faire ?

 Nous voulons impliquer les artistes maliens à notre initiative. Cette situation fatigue les deux peuples, elle est inconfortable pour tout le monde. Depuis le déclenchement de cette affaire, les artistes maliens ne peuvent plus se produire en Côte d’Ivoire par crainte de représailles ou de boycott. Des concerts d’artistes maliens qui étaient programmés à Abidjan ont même été annulés.

 Nous voulons nous mettre ensemble, Ivoiriens et Maliens, pour accompagner la diplomatie. Notre action sera pacifique et nous sensibiliserons et encouragerons les autorités des deux pays, ainsi que la médiation togolaise, à trouver une solution.

Sur ce dossier, vous appeler à faire confiance au chef de l’État. Vous êtes pourtant réputés proches de l’opposition…

Nous faisons une musique qui est née dans la contestation, dans le combat. Nous sommes toujours du côté des plus faibles. Nous ne faisons pas de zouglou de salon ! Mais pour autant, nous ne sommes pas proches de l’opposition. Nous pensons par exemple que le rapprochement entre le président Alassane Ouattara et ses deux prédécesseurs, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, fait du bien au pays.

 C’est une initiative du président Ouattara que nous saluons. Tout comme nous saluons l’opposition car, si le pays se porte mieux, c’est aussi grâce à la maturité de cette dernière, qui n’est plus dans la défiance. Le comportement de l’opposition est un gage d’apaisement de l’environnement politique. Quand l’opposition bouillonne, le pays est fragilisé. Notre rêve, c’est la paix. Nous ne pouvons pas aller de guerre en guerre, de crise en crise. Et dans cette optique, la notion de pardon est importante.

 En 2020, Siro et vous avez été condamnés à un de prison avec sursis et à 5 millions de francs CFA d’amende pour avoir affirmé que le procureur ne poursuivait en justice que les opposants…

Que retenez-vous de cet épisode ?

 Nous considérons que tout combat est noble. Et dans nos textes, nous disons les choses comme nous pensons qu’elles sont, sans chercher à en tirer profit. Nous voulons faire changer les choses dans notre pays. Nous avons choisi une musique, le zouglou, qui est né dans la contestation, dans le combat. Nous restons toujours sur cette ligne. +++++++++ En outre, nous partageons des liens avec certaines des personnalités citées dans l’affaire que vous évoquez… Cela a abouti à une situation compliquée, qui nous a coûté de très fortes amitiés. Mais ce sont les conséquences d’un combat.

 Vous vous présentez comme héritiers d’une musique fondamentalement contestataire. Pourtant, on ne vous a pas entendu jusque-là sur les conséquences de l’inflation et les difficultés des Ivoiriens face à la vie chère.

 Ce n’est pas à nous de régler tous les problèmes des Ivoiriens ! Et surtout, ce sont des questions que nous n’avons cessé d’aborder. Cela a été le cas, par exemple, dans l’album Héritage que nous avons sorti en 2020. Réécoutez ce titre : nous y chantons que, certes, il y a du goudron partout, et même des lumières sur le goudron, mais que les Ivoiriens ne mangent pas de goudron !

Par ailleurs, nos chansons, ou nos interventions dans les médias, ne sont pas nos seules manières de nous engager. Nous ne faisons pas que chanter ou parler, nous sommes aussi dans l’action. Et si nous dénonçons les maux de la société, c’est pour faire bouger les lignes, comme par l’histoire des politiciens emprisonnées ou des leaders d’opinions. C’est cela aussi notre rôle.

 Il y a une thématique, nouvelle pour vous, sur laquelle on vous voit très actifs ces derniers mois : la lutte contre le changement climatique, notamment en faveur du reboisement. Pourquoi cet engagement ?

 La Côte d’Ivoire a perdu plus de 90 % de sa forêt. Ce pays est notre seul héritage. Il fallait que nous nous engagions dans le reboisement. Nous avons lancé une caravane de reboisement cette année qui a permis de planter 184 hectares de forêt et l’année prochaine, nous visons les 500 hectares. Nous ne nous contentons pas seulement pour reboiser, nous faisons aussi l’agroforesterie, nous cédons les parcelles reboisées aux associations de femmes qui y cultivent des produits vivriers. C’est une façon aussi de lutter contre l’insécurité alimentaire.

 Nous luttons aussi contre les feux de forêt grâce à la sensibilisation des communautés locales. Nous travaillons aussi avec la Société de développement des forêts (Sodefor, entreprise publique), qui nous a formés. Et si vous y réfléchissez bien, en plantant des arbres, nous luttons aussi contre la vie chère. Pour l’heure, nous avons mené cette initiative sur nos fonds propres. Cette caravane a été un grand succès. Maintenant, nous voulons passer à la vitesse supérieure et sollicitons les donateurs et bailleurs pour que la mobilisation soit plus importante encore l’année prochaine.

 L’ACTU VUE PAR. Chaque samedi, Jeune Afrique invite une personnalité à décrypter les sujets d’actualité.

10 septembre 2022 à 11:56 Par Baudelaire Mieu -

à Abidjan Mis à jour le 10 septembre 2022 à 11:56

Source Jene Afrique 

INTERVIEW / SITUATION SOCIO-POLITIQUE, PRÉSIDENTIELLE 2025, LIMITATION D’ÂGE… Félicien Yédé N’guessan, militant Rhdp, dit des vérités crues

"Félicien Yédé N’guessan est un militant de première heure de l’ex-Rdr, ensuite du Rhdp. Il a été secrétaire départemental adjoint du Rdr (Sikensi). Expert consultant en communication des organisations, et ancien conseiller technique au Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec), il livre, dans cette interview, son analyse de l’évolution de la politique.

 Quelle est votre analyse de la rencontre le 14 juillet dernier entre les trois grands leaders de la politique nationale : le Président de la République Alassane Ouattara et ses deux prédécesseurs, Messieurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo ?

D’abord mes remerciements à vous et à toute la rédaction pour l’honneur que vous me faites de m’offrir l’opportunité de partager ma lecture de l’actualité sociopolitique de notre pays. A propos de la rencontre des trois plus grandes figures de la politique ivoirienne, il est souhaitable qu’après cette première, tout soit fait pour que les prochaines entrevues soient consacrées plus à des échanges d’intérêt national qu’à des revendications partisanes.

Et que pensez-vous de l’absence des deux grands leaders, les Présidents Bédié et Gbagbo aux festivités du 62ème anniversaire de l’indépendance à Yamoussoukro, alors qu’ils avaient été invités par la Président Alassane Ouattara à y prendre part ?

C’est vraiment regrettable que les deux Anciens Chefs d’Etat, censés être les premiers promoteurs des principes républicains, se soient volontairement soustraits de ce cadre solennel d’expression du patriotisme par excellence. Pour moi rien ne justifie ce genre d’attitude, quelle que soit la gravité des sujets qui peuvent opposer les hommes politiques les uns aux autres. Par cet acte, ils ont simplement manqué d’élégance politique en donnant l’impression de faire passer leurs intérêts partisans avant l’intérêt général. A cette allure, il est fort à craindre que le désir de réconciliation bruyamment affiché ne soit qu’un leurre.

Quel commentaire faites-vous de la crise qui oppose actuellement la Côte d’Ivoire au Mali dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako par la Junte militaire ?

Pour commencer, permettez-moi de dire un mot sur le rôle de la Cedeao pour saluer la fermeté avec laquelle elle gère le dossier malien, ainsi que ceux du Burkina Faso et de la Guinée. Je pense qu’il est temps qu’en Afrique, nos Etats se soumettent au strict respect des règles et principes qui régissent les organisations régionales ou continentales dont ils sont membres. Notre sous-région en particulier a déjà assez souffert de l’instabilité récurrente de ses Régimes politiques. Il est vraiment temps que dans cette zone, les prises du pouvoir d’Etat par les armes soient définitivement bannies. Dans le cas malien et s’agissant de l’arrestation et la détention des militaires ivoiriens, j’ai foi dans les capacités du Président de la République et de son Ministre de la Défense pour parvenir à une issue favorable. En attendant, il convient de féliciter les ivoiriens pour les attitudes pacifiques qu’ils observent à l’égard de nos frères maliens vivant sur notre sol depuis le déclenchement de cette crise.

En ce moment la question de la vie chère fait l’actualité et pour laquelle des personnalités publiques, politiques et des citoyens se sont prononcé en dénonçant l’inaction du gouvernement à y apporter des solutions. Qu’en pensez-vous ?

Sur le sujet de la vie chère, le Gouvernement a déjà consenti beaucoup d’efforts pour en contenir les effets sur le quotidien des populations. Or nous savons tous que les causes de ce phénomène ne sont pas exclusivement endogènes. Partant de là, il est souhaitable que tous ceux qui émettent des critiques, notamment les partis de l’opposition, fournissent des arguments techniques, fiables et convaincants pour nous situer sur le niveau de responsabilité du Gouvernement. Dans le cas contraire, je serais en droit de pointer le caractère manipulatoire de ces critiques qui sont contraires à l’éthique en politique. Car à ce stade de notre évolution, les populations ont besoin de savoir d’où viennent les causes de leurs difficultés quotidiennes. C’est ce qui se passe dans tous les pays organisés.

Il y a de cela quelques mois, le Parlement ivoirien a vu l’élection de son nouveau Président en la personne de l’Ancien Secrétaire Exécutif du RHDP, Monsieur Adama Bictogo, avec le soutien quasi unanime de l’ensemble des partis politiques siégeant. Quelle est votre analyse de ce fait politique qu’on pourrait qualifier d’inédit dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire ?

Avant toute chose, je voudrais saluer la mémoire de l’Ancien Président, Feu Amadou Soumahoro pour qui j’ai beaucoup de respect pour ses convictions et son engagement politique. Quant au nouveau Président, je tiens à le féliciter et je suis convaincu qu’il apportera un souffle nouveau pour le rayonnement de cette Institution qui compte parmi les instruments majeurs de la République qu’il faut redynamiser pour accompagner plus efficacement l’Exécutif dans sa mission de modernisation et de développement de la Côte d’Ivoire. Et je l’en sais capable, car c’est un homme passionné, qui de l’ambition et avec qui j’ai eu l’occasion de partager des moments de collaboration à une certaine époque de notre lutte politique. Concernant l’option du consensus qui a marqué l’élection, elle n’était pas d’une nécessité absolue pour le candidat élu, même si cela représentait un signal fort dans le sens de l’apaisement.

A mon avis il serait plus judicieux que ce type de communion entre adversaires politiques soit plus porteuse de sens et qu’elle se manifeste, par exemple, lorsque les institutions de la République sont menacées de l’intérieur ou de l’extérieur, ou lorsque la vie d’un citoyen est en jeu, comme c’est actuellement le cas dans la crise des militaires ivoiriens détenus au Mali. Et c’est en cela que l’on peut reconnaitre l’utilité d’une action politique. Mais il convient après tout de saluer le mérite du Chef de l’Etat qui, depuis la présidentielle d’octobre 2020, et en dépit des nombreux faits de provocation et de défiance à son égard, a su créer les conditions de la stabilité qui permet aujourd’hui à la classe politique de se retrouver dans une telle ambiance fraternelle.

Alors comment en sommes-nous arrivés à cette situation après les incidents graves qui ont émaillé la présidentielle d’octobre 2020 ?

Cette question appelle logiquement le regard d’un sachant plutôt proche des différents dossiers qui ont été traités et qui ont abouti à l’état actuel de la situation. Je ne peux donc fonder mon analyse que sur ce qui est observable par le grand public dont je fais partie. Mais déjà, je me réjouis que nous soyons revenus, pour la première fois depuis des décennies, à un climat beaucoup plus apaisé avec un niveau de sécurité satisfaisant à maints égards. Et je souhaite que cela continue dans la durée.

Quelle est votre opinion sur l’élément déclencheur de cette crise de 2020 que certains attribuent à un troisième mandat, le « mandat de trop » pour le Président de la République, alors que les autres affirment que c’est son premier mandat de la troisième République ?

Ce débat en mon sens, n’avait pas lieu d’être pour une raison simple. Entre la position de ceux qui fondent leur argument sur le factuel, au regard des deux précédents mandats du Président Alassane Ouattara pour lui dénier le droit à un autre mandat, et ceux qui se réfèrent aux dispositions de la Constitution de la troisième République l’autorisant à briguer d’autres mandats, le débat devait être rapidement clos, si l’on s’en tient à la primauté du Droit sur les faits vécus. En tout état de cause il faut espérer que cette autre page noire de l’histoire de notre pays est définitivement tournée. Cependant il y a un élément fondamental qui a été éludé dans ce débat et sur lequel je voudrais revenir en juste deux mots pour dire que quand on aime son pays, on n’a pas le droit de le céder, quel que soit le prix à payer, à des mains insuffisamment préparées pour en assurer sécurité, surtout quand ce pays est sous menace terroriste imminente. C’est ce que le Président Ouattara en tant que Chef des armées a fait. Et il avait raison. Les résultats sont là. Le pays est stable, en paix et continue son petit bonhomme de chemin dans le voie du progrès. 

Et comment expliquez-vous le retour à cette situation d’accalmie ?

Plus qu’une accalmie, c’est de stabilité qu’il faut plutôt parler. Et le principal facteur explicatif, c’est l’approche préventive de la gouvernance et les mesures spécifiques qui en découlent. Tous les résultats que nous observons aujourd’hui sont en effet le fruit d’un ensemble de mesures que le Gouvernement a dû prendre, à divers niveaux de la vie de la Nation. A commencer par une surveillance accrue du territoire national, qui a permis de juguler les nombreuses tentatives de déstabilisation, tant de l’intérieur que de l’extérieur. Ensuite il a fallu, parallèlement au dialogue politique noué avec les partis de l’opposition, créer les conditions d’assainissement de l’environnement des affaires, de sécurisation des personnes et des biens, toutes choses qui ont favorisé des investissements publics et privés massifs, avec de nouveaux emplois à la clé, principalement au profit des populations jeunes. Tout cela avait pour but de parvenir à une croissance économique soutenue avec son impact positif sur le quotidien des populations. N’oublions pas que c’est grâce à cette embellie économique, en dépit des effets de la pandémie du Covid, que beaucoup de jeunes, surtout ceux qui se soucient véritablement de leur présent comme de leur avenir, ont pu résister aux appels à la violence et aux troubles sociaux et que progressivement nous avons pu recouvrer ce climat de stabilité et de paix dont il faut se féliciter.

Une certaine opinion trouve pourtant que cette « stabilité » que vous décrivez est plutôt due à une gouvernance autocratique qui ne favorise pas la liberté d’opinion, de manifestations, et de débats démocratiques. Qu’en dites-vous ?

Dans le cadre d’une gouvernance démocratique, la régulation de l’espace public me parait être une question centrale. Et dans le cas d’espèce, les choses telles qu’elles sont vécues aujourd’hui dans notre pays n’ont rien de comparable avec le passé sous les autres Régimes qui se sont succédés depuis la fin du règne du Président Houphouët-Boigny. Depuis lors, c’est en effet la première fois, à la faveur du développement des réseaux sociaux, que des opposants, même les plus anonymes, peuvent critiquer publiquement un Pouvoir comme c’est le cas actuellement, avec autant de virulence, allant quelque fois jusqu’à offenser purement et simplement le Chef de l’Etat sans être inquiétés. Il n’y a donc rien de comparable avec les campagnes de catégorisation, de ségrégation, les arrestations arbitraires, les enlèvements et même les assassinats dans de nombreux cas, qui avaient cours à une certaine époque. Sur ces sujets, je sais de quoi je parle pour avoir moi-même été enlevé en pleine journée, et avoir été à deux doigts de connaitre le même sort que toutes ces centaines voire milliers de personnes disparues, juste parce qu’elles étaient différentes ou parce qu’elles ne partageaient pas les mêmes opinions que certains de nos concitoyens. Et ces pratiques hideuses, nous en avons été des témoins oculaires durant des décennies, sous le règne de concepts fumeux comme « l’ivoirité », la « refondation » et que sais-je encore. Et il est bon de rappeler au souvenir de tous ceux qui veulent nier cette réalité implacable que ces pratiques ont fait beaucoup de mal à la Côte d’Ivoire et sont les principales causes des crises que le pays a connues de façon répétitive et dont on peine encore à sortir. C’est incontestable ! Alors, il est loisible de critiquer, mais il faut savoir raison garder en faisant quelque fois preuve de bonne foi. Quant au problème relatif à l’absence de débats contradictoires, le fait n’est pas nouveau et ne relève pas de la responsabilité d’un quelconque Gouvernement.

A qui la responsabilité donc ?

Le débat politique est une pratique, si ce n’est la première pratique nécessaire à la vitalité d’une Démocratie. Ceci revient à dire que sans débats politiques structurés, enrichies d’idées et de promesses distinctives, constructives, il n’y a pas de démocratie qui vaille. Pour faire vivre les débats, trois conditions doivent être remplies principalement. Premièrement, il nous faut des partis politiques mieux outillés pour proposer des solutions techniques, cohérentes et différentes les unes des autres, conformément aux idéaux qu’ils défendent individuellement. Deuxièmement, les spécialistes des sciences sociales doivent s’impliquer davantage dans le processus de changement social en produisant régulièrement des données scientifiques dans divers domaines d’activité. Car ce sont les sciences sociales qui, en observant la Société, identifient, nomment les problèmes et fournissent les clés de leur résolution à des organisations diverses, notamment les partis politiques pour leur permettre d’enrichir les débats. Troisièmement, les médias de masse devraient grâce à leur statut de quatrième pouvoir, tirer les partis politiques vers une émancipation démocratique en leur offrant des espaces de discussions spécialisées, pour leur permettre ainsi de marquer progressivement leurs différences idéologiques et programmatiques, sans lesquelles, il ne peut y avoir de vrais débats démocratiques constructifs. De ce point de vue, je constate que les médias majeurs que sont la radio et la télévision, manquent d’expertises pointues pour décrypter les faits de Société sur fond de critères normatifs, de sorte à mettre les partis politiques à l’épreuve de leur utilité sociale. Pour me résumer, je dirai que l’absence de débats politiques est l’affaire de tous. Elle est la conséquence logique d’une pénurie d’offres idéologiques et programmatiques viables, lisibles et visibles dans un contexte de vide scientifique et d’absence de normes démocratiques.

 Croyez-vous qu’il soit possible de corriger ces insuffisances et si oui, dans quel délai ?

 Le problème ne se pose pas en termes de délai, car il s’agit là d’un processus évolutif qui peut être long ou court, selon les dispositions à prendre. Tout dépend donc du niveau de prise de conscience générale et de la volonté que chaque acteur devra y mettre, si les conditions sont favorables. Et la première des conditions, c’est la qualité de l’environnement général. A ce titre, il est heureux de constater, au risque de me répéter que le pays est revenu à une situation de stabilité acceptable, avec en prime la démocratisation progressive du paysage audiovisuel depuis quelques années. Et je pense que le principal enjeu, à partir de cette stabilité, c’est d’amener les différents acteurs de la vie politique, du monde scientifique et des milieux médiatiques à s’engager dans une logique où chacun jouerait pleinement son rôle pour favoriser les débats. Car en effet, c’est à travers les échanges et la confrontation les unes aux autres que les idées et convictions, même les plus figées pourront évoluer en étant remises en question, reconsidérées et affinées pour s’adapter aux normes démocratiques. Et puisque nul n’est détenteur de la vérité absolue, je crois fermement que c’est à travers ces procédures de légitimation médiatique que les partis politiques les mieux organisés pourront tirer leur épingle du jeu, en se bonifiant progressivement avec des lignes idéologiques et des projets de Société personnalisés, plus lisibles et mieux adaptés aux exigences du développement intégral. Voilà, en mon sens, un certain nombre de clés qui pourraient permettre, dans un délai raisonnable et sans doute de façon durable, de venir à bout des tensions et violences politiques inutiles auxquelles nous ont habitués certains acteurs de la vie publique. La finalité c’est de parvenir à un système démocratique plus civilisé où la tolérance, le respect de la différence et le respect des institutions s’imposerait comme valeurs de référence. L’impression que vous laissez transparaitre, c’est que depuis l’introduction du multipartisme et malgré une pratique longue de plus de trois décennies, nous en sommes encore au point de départ, loin des promesses démocratiques qui en découlent.

Qu’est ce vous a amené à ce constat pessimiste ?

 Je pense que les difficultés qui minent les chances d’émancipation démocratique et de développement de nos jeunes Etats en général ne relèvent pas de la fatalité. Elles sont, avant tout, dictées par une conception encore trop partielle de l’activité politique. Ce qui pose fondamentalement le problème d’utilité de nos partis comme je l’ai déjà souligné à maintes reprises dans cette interview. Pour moi tout parti politique qui nait devrait pouvoir démontrer ses capacités à agir quotidiennement à la recherche de véritables solutions à tous les problèmes qui peuvent se poser à la Société, en abordant la politique dans une approche systémique et structurelle, avec une dose de rationalité suffisante . Cela implique un mode d’organisation interne performant, porté par des hommes et femmes aux compétences avérées et variées, ainsi que des ressources matérielles conséquentes. Or dans nos pays fraichement soumis aux exigences démocratiques, rares sont les formations politiques qui remplissent ces critères minimaux. Mais tout part surtout de la thèse généralement admise que la finalité pour tout parti politique est de « conquérir et d’exercer le Pouvoir ». A partir de ce postulat, il n’est pas étonnant que, pour accéder au Pouvoir, et en raison de leurs insuffisances organisationnelles, certains prennent le raccourci en usant de la démagogie et du populisme ou dans les cas extrêmes, en optant pour les coups de force armés. Dans un tel contexte, toute conception rationnelle présupposant une démarche intellectuelle dont est privée le plus grand nombre d’individus va donc demeurer minoritaire. Ce qui rend la Démocratie incompatible avec une politique réaliste et juste. Voilà en substance, ce qui contribue entre autres choses à ralentir le processus de démocratisation de nos sociétés et rend difficile le rôle utilitariste de nos partis politiques. Et plus longtemps ces obstacles résisteront au désir de changement, et plus long sera le chemin pour parvenir au modèle démocratique attendu de cette nouvelle expérience multi partisane.

Voulez-vous dire que les partis politiques qui ont pour certains déjà gouverné et qui, pour d’autres, gouvernent encore et qui ont tous un tant soit peu contribué au développement du pays ne remplissent pas toutes les conditions de leur utilité à la Société ?

C’est un peu excessif des voir les choses de cette manière, mais je dois préciser que malheureusement, depuis l’introduction du multipartisme, les notions de légitimité sociologique et surtout d’utilité n’ont pas suffisamment ou du tout été prises en compte dans la création et l’animation de nos partis politiques, comme l’impose notre passage de la Société traditionnelle à la modernité. Car une Société comme la nôtre, en pleine évolution avec ce que cela comporte de complexification progressive de son fonctionnement, et où tout reste encore à inventer pour bâtir une vraie Nation, il était d’abord nécessaire d’établir la différence entre la notion de modernisation et la notion de développement intégral dans sa dimension humaine plus particulièrement. Le processus de modernisation est celui dans lequel nous sommes engagés aujourd’hui, avec son lot de mimétisme social dû à l’importation massive des technologies et les habitudes de consommation hybride qui y sont attachées. Ce qui est différent du développement intégral qui lui est un processus plus exigeant, dans lequel l’Etat, la Société, mais plus particulièrement les partis politiques ont beaucoup plus à faire qu’ailleurs pour transformer les consciences au rythme des évolutions souhaitées. Sur ce plan, on peut affirmer que les résultats espérés ne sont pas insatisfaisants. Il suffit d’un regard, par exemple, sur les crises sociopolitiques récurrentes et leur incidence négative sur les relations sociales pour s’en convaincre. Pour moi, les Partis politiques en arrière-plan des gouvernements respectifs auraient été mieux inspirés et plus utiles, si, dès leurs naissances, ils avaient pu saisir, en amont des pratiques démocratiques, le caractère hautement sensible de nos diversités ethniques et religieuses, et avaient su en faire, à partir de leurs propres expériences en interne, un riche brassage au service du développement du pays. C’est en ce sens qu’ils ont, je crois, failli à leur mission de d’éducation du peuple au vivre ensemble. Car un peuple insuffisamment éduqué et privé de conscience peut dans son écrasante majorité faire des choix contre ses propres intérêts. Or l’aspiration suprême de tout peuple est de vivre dans un environnement stable et paisible, propice à son épanouissement. A condition d’être lui-même doté d’un minimum de conscience, d’abord pour sa propre survie, ensuite pour le respect des autres et enfin pour l’édification et la préservation d’Institutions justes et crédibles.

Et pensez-vous que les jeunes générations auront les aptitudes pour corriger ces « erreurs » de parcours avec la création de nouveaux partis comme le COJEP de Charles Blé Goudé et le GPS de Guillaume Soro et le MGC de Simone Gbagbo ?

 Je suis convaincu que l’arrivée de ces nouveaux partis, dans la sphère politique nationale viendra en rajouter au gâchis que je fais observer en termes de dispersion de nos moyens déjà très limités. Un petit pays d’à peine 26 millions d’habitants comme la Côte d’Ivoire ne peut pas se payer le luxe de continuer à enregistrer autant de nouveaux partis politiques quand on sait qu’individuellement, ces partis ne peuvent rien apporter de plus au niveau de leur poids électoral, mais aussi pour ce qui est de la qualité des projets de Société. Parce dans la majorité des cas, ils n’en auront pas les moyens humains et techniques, si ce n’est de rechercher de la visibilité en se prêtant au traditionnel jeu de coalition sans grand intérêt pour la Nation. Mais je me garderai de préjuger de l’avenir de ces partis politiques dans ce contexte de faible niveau de conscience où souvent les choix politiques n’obéissent pas à tout ce qui relève du domaine de la rationalité.

Et que dites-vous de cet autre parti, le PPA CI de l’ancien Président Laurent Gbagbo, créé il y a environ un an ?

L’observation que j’ai faite sur les autres partis naissants s’applique également au PPA-CI, à savoir que la multiplicité des partis politiques est un gâchis. Cela dit, je suis comme beaucoup de mes compatriotes en observation, attendant de voir ce que ce parti créé par un ancien Chef d’Etat pourra offrir de différent et qui pourrait le rendre intéressant et surtout utile à la Société Ivoirienne. Mais déjà, je peux dire que la création du PPA-CI est le signe d’un échec de parcours, assimilable à un reniement. C’est-à-dire le reniement d’un passé peu glorieux avec lequel on veut rompre totalement, à tous prix et peut-être définitivement. En observant bien les actes posés par Laurent Gbagbo, depuis son retour de la Haye, on se rend bien à l’évidence que l’Ex chef de l’Etat veut se faire une virginité politique en se débarrassant de tout ce qui peut gêner ou qui, à un moment donné, a pu contribuer à écorner son image plus particulièrement à l’international. Et j’en veux pour preuves, trois exemples : premier exemple, c’est l’annonce fracassante de son divorce avec son épouse « camarade », co-fondatrice du FPI, Simone Gbagbo qu’il trouve désormais un peu encombrante. Deuxième exemple, l’abandon aux mains de son ancien Premier Ministre Affi N’guessan, et sans motif idéologique apparent, un FPI mal perçu depuis quelque temps par la gauche internationale en particulier. Ce qui à l’époque, lui avait valu d’être lâché par ses amis du Parti socialiste français, ceux-là mêmes qui l’ont encadré, soutenu et aidé à accéder au Pouvoir en octobre 2000. Le troisième exemple, c’est la dénomination explicitement évocatrice de ce parti, qui vient parachever la démarche de Monsieur Gbagbo et qui montre clairement qu’il veut changer de cap, tourner le dos à ce passé marqué par du « bricolage idéologique » et par une gouvernance un peu chaotique. Mais le problème qui se profile à l’horizon c’est comment le PPA-CI, en se proclamant opportunément panafricaniste avec une ouverture aux autres peuples d’Afrique, pourra-t-il s’accommoder de ces idées et pratiques peu orthodoxes, profondément ancrés dans les esprits de ses partisans qui ne manquent aucune occasion pour associer a un non ivoirien, à l’étranger, toute personne qui, selon eux, n’est pas issu d’un village de Côte d’ivoire, ne porte pas un nom attaché au terroir, ou ne partage pas leurs convictions. Cette question est fondamentale et mérite d’être soulevée pour mettre en lumière les ambiguïtés entretenues du côté de nos frères de la gauche opportuniste, abonné à un panafricanisme occasionnel de commande.

 Ce genre de positions ou propos ne peuvent pas être attribués à des Responsables de ce Parti ?

Peut-être non, mais vous savez, dans ce cas de figure, le petit peuple auquel vous faites allusion implicitement n’est que le prolongement de celui ou ceux qu’il représente sur le terrain politique. Par ses actes et propos, ce petit peuple ne fait que restituer les idées et concepts dont il été nourri durant des années par des moyens divers. Ce qui, me semble-t-il, est tout à fait légitime, mais alors il faut avoir le courage de l’assumer.

La création de ce parti en dissidence avec le FPI change-t-elle quelque chose, selon vous, sur l’échiquier politique national ?

 Fondamentalement non sur le plan interne. Car au niveau interne, la masse militante demeure la même pour les deux Partis, le FPI et le PPA-CI. Sauf que cette masse militante s’en trouve aujourd’hui scindée en deux groupes qui deviennent automatiquement des adversaires politiques. Cependant sur le plan national, cela devrait, en mon sens, donner lieu logiquement à quelques bouleversements. Parce que la création de ce nouveau parti, au regard de sa dénomination même, devrait entrainer une nouvelle configuration du champ politique en termes de positionnement ou de repositionnement identitaire et de pratique. Si aujourd’hui M. Laurent Gbagbo et ses partisans affichent clairement leur proximité avec les autres peuples africains, cela veut dire que les discours et attitudes discriminatoires dont ils étaient coutumiers hier à l’égard des ces non ivoiriens et assimilés vont désormais évoluer vers un peu plus d’humanisme. Ce qui devrait en principe amener alliés et adversaires, à rabattre les cartes et à se déterminer par rapport à certains principes, si tant est que leur existence et leurs modes d’organisation obéissent véritablement à des principes conformes à leurs croyances et non à un mimétisme idéologique.

 En tant que militant du RHDP, que dites-vous de la santé de votre parti ?

Le RHDP se porte bien au regard des critères d’appréciation de sa force électorale, puisqu’actuellement le parti est crédité du plus fort taux de représentation aussi bien dans les deux chambres parlementaires, dans les Régions que dans les Communes de Côte d’Ivoire, même s’il faut quelque part déplorer le faible niveau de participation aux dernières élections pour une partie de l’opposition. Mais il n’y a pas de quoi rougir, car cela fait partie des règles du jeu en matière de compétition électorale : plus souvent on est absent à différents scrutins et peu souvent on sera présent sur le terrain de la mobilisation des adhérents et des électeurs. En tous les cas, sur ce point précis, le RHDP a beaucoup appris de l’expérience du défunt RDR. C’est pourquoi il peut, à quelque chose près, se targuer d’être un grand Parti en avance sur les autres.

Et pourtant, malgré la bonne santé du Parti comme vous le dites, le RHDP en tant que parti unifié vient d’expérimenter pour la première fois, son système électoral interne dans les départements avec des actes de violence qui, de mon point de vue, n’honorent pas le Parti présidentiel. Qu’en dites-vous ?

Oui, cette situation est déplorable, mais comme vous l’avez souligné dans votre question, c’est un premier test depuis la création du RHDP, et j’espère que cela permettra de tirer les leçons qui s’imposent pour une meilleure organisation aux prochaines échéances. Cependant, je dois avouer qu’à divers niveaux du mode d’organisation interne, il reste des choses à parfaire. Car pour un Parti qui fait sa mue, passant de la phase de groupement à l’unité de destin, il y a beaucoup d’efforts à faire dans son organisation. Cela demande la mise en place de stratégies pour mobiliser ou remobiliser tous les militants, tant sur le plan quantitatif que sur le plan mental, sans oublier qu’il est primordial de définir et propager les contenus de son action politique. C’est pourquoi je salue l’initiative de restructuration qui a abouti à l’élection des Secrétaires départementaux. Toutes ces actions ont été menées pour répondre à deux défis majeurs : d’abord cela fait partie des exigences de fonctionnement normal de toute formation politique qui se veut responsable. Mieux, ces actions permettent au parti de faire face aux nouveaux enjeux nés de l’arrivée des partis fraichement créés et ce que cela peut logiquement entrainer de réorganisation éventuelle de l’opposition. Dans un cas comme dans l’autre, le parti houphouetiste a besoin d’évaluer ses forces, identifier et corriger ses faiblesses pour mieux se redéployer. Ces conditions sont nécessaires pour maintenir son statut de Parti leader. Et c’est une bonne chose car ce qui caractérise un grand parti politique, c’est sa capacité à se remettre constamment en cause dans un environnement politique et social en perpétuelle mutation. Mais il me semble important aussi, au vu de son statut de parti véritablement unifié, que le RHDP réadapte son mode d’organisation à la nouvelle configuration de son capital militant.

 Certains analystes avancent que, n’ayant pas réussi à mettre en place un Parti véritablement houphouetiste, le Président Ouattara veut remettre le RDR en marche. Quelle lecture en faites-vous ?

Ces analystes sont libres de leur opinion, mais ce que je crois, c’est qu’ils n’ont pas bien compris la démarche du Président Ouattara. Dans le processus de création du RHDP, il est vrai qu’au départ, les différents partis membres de ce groupement, le RDR y compris, ont voulu conserver leurs identités propres. Mais pour le Président Ouattara, cette option ne devait durer que le temps des élections prévues pour 2005, et qui n’ont malheureusement pas pu se tenir à bonne date pour les raisons que nous connaissons tous. En réalité la position du Président Ouattara, à laquelle nous autres avons adhéré dès le départ, c’est que, d’une part, tous les adeptes de « l’Houphouetisme » unissent leurs forces et mobilisent le maximum d’ivoiriens autour de cette valeur d’hospitalité qui caractérise la Côte d’Ivoire et qui fait sa singularité aux yeux du reste du monde. Stratégiquement, cette démarche avait pour finalité, en regroupant tous ces partis déjà implantés dans les cinq grands pôles géographiques (le Sud, le Centre, l’Est l’Ouest et le Nord), non seulement de renforcer la légitimité sociologique du RHDP, mais aussi de prévenir les risques de déflagration sociale, en rapprochant à l’intérieur du RHDP, les différentes composantes de la Société ivoirienne les unes des autres, dans un élan de reconnaissance mutuelle, en vue d’une cohésion militante, consciente et, de ce fait, durable. C’est aussi un moyen de combattre des « contre valeurs » ambiants comme le repli identitaire, le nationalisme extrémiste et la xénophobie. Aujourd’hui nous observons que le but est en voie d’être atteint, d’autant plus que ces derniers temps, une tendance générale semble se dégager de plus en plus en faveur de l’ouverture aux autres, de la tolérance et du vivre ensemble. Et j’espère que cela pourra contaminer l’ensemble des organisations et communautés pour le bonheur de tous. Mais au-delà des considérations d’ordre social, la vision politique Président Alassane Ouattara à plus long terme, c’est de regrouper progressivement l’ensemble de la classe politique nationale autour de deux grands pôles idéologiques mieux outillés et plus performants: l’un, défendant les idées et pratiques de droite et l’autre, défendant celles de gauche.

Au-delà de sa bonne santé, certains prédisent déjà l’implosion du RHDP après le Président Ouattara, compte tenu, selon eux, des querelles de positionnement parfois centrées sur des considérations régionalistes dans le choix des leaders des différentes structures du Parti. Qu’en pensez-vous ?

 Avant tout, il faut faire confiance au Président Ouattara pour léguer en héritage aux futures générations militantes, un parti soudé et davantage conquérant. Ce qui, bien entendu, impose, de la part des l’équipe exécutive, l’impérieux devoir de revisiter et de corriger les insuffisances susceptibles de ruiner les chances de survie du Parti. Dans cette perspective, certaines conditions restent à satisfaire pour maintenir au moins intact le niveau d’engagement des militants et sympathisants. En premier lieu, il y a les difficultés liées système relationnel qui est certes un mal commun à tous les partis politiques, mais qui dans le cas du RHDP se posent avec d’autant plus d’acuité que le parti est actuellement dans un processus d’unification où les militants issus des différents partis du groupement doivent expérimenter les dures règles du vivre ensemble. Deuxièmement, il faut faire en sorte que le mobile d’adhésion jusqu’ici essentiellement axé sur la personnalité du leader, soit désormais recentré sur l’organisation proprement dite, en renforçant davantage le sentiment d’appartenance à la même formation. Car, de la survie du parti dépendra la prise en compte ou non de la voix de tous les militants sans exclusive, quels que soient leurs appartenances ethniques ou religieuses et leur statut social. Ce qui suppose la mise en avant du bénévolat comme élément central du militantisme pour accorder à chaque militant et à chaque sympathisant, l’attention qu’il mérite, afin de maintenir un bon niveau d’engagement de l’ensemble. Troisièmement, il est impérieux de faire en sorte que les frustrations ressenties par certains militants pour multiples raisons, les guerres de positionnement qui souvent tournent à l’avantage des plus habiles manipulateurs, au détriment des militants honnêtes, compétents et engagés, etc., trouvent des solutions définitives. A côté de ces questions d’ordre purement humain, il faudra songer à définir les contenus de l’action politique du Parti en guise d’arguments institutionnels à l’usage des militants dans leur conquête de nouveaux adhérents ou d’électeurs pour les échéances à venir. A l’image des grandes qualités managériales de son Président, le RHDP est condamné à réussir le pari d’une organisation achevée qui permette de garder le cap de son leadership, même après l’inévitable retraite politique du Président Ouattara.

 Comment voyez-vous les élections à venir pour le RHDP en 2025, avec l’éventuelle coalition PDCI- PPA-CI ?

 Vous savez, dans une coalition où les différents acteurs n’ont pas grand-chose en commun et dans laquelle le seul objectif est de combattre un adversaire non pas pour des raisons idéologiques ou politiques en lien avec le bilan de sa gouvernance, mais juste pour ce qu’il représente en tant qu’individu, il arrive souvent que les choses tournent mal lorsque vient le temps de la gestion commune du pouvoir acquis. Et les exemples sont légion pour l’attester. A cet égard, concernant le PDCI et le PPA-CI, tout le monde sait l’inimitié que les deux leaders, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo vouaient l’un pour l’autre dans un passé récent. Donc il faut attendre de voir jusqu’où ils pourront aller. Mais autant vous dire tout de suite que cette coalition ne peut à maints égards, effrayer le RHDP dans la perspective des élections à venir. Car le parti, en tant qu’instrument politique du Gouvernement, a des arguments pour convaincre. Son bilan de cette dernière décennie, sans compter ce qui se prépare pour les années à venir, devrait suffire pour faire la différence. Reste à définir des stratégies spécifiques, compatibles avec les profils des différentes cibles qu’il faut identifier et traiter pour élargir la base électorale du Parti.

Le Député Assalé Tiémoko a annoncé sa volonté de faire une proposition de loi à l’ouverture de la session 2022, portant sur la retraite politique à l’âge de 75 ans. Qu’en pensez-vous ? 

L’idée de ce projet depuis qu’elle a été portée sur la place publique divise les ivoiriens non pas pour l’analyse juridique que les gens en font, mais plutôt pour la qualité des personnalités visées implicitement. Objectivement, je pense que ce projet n’est pas assez pertinent, dans la mesure où, si la Loi était votée, elle pourrait priver de nombreuses personnes de 75 ans, aptes intellectuellement et physiquement, d’exercer leur droit de citoyen et si, de surcroît, ces personnes ont les compétences liées à la fonction en objet. Je prends l’exemple du Président Alassane Ouattara qui, à 80 ans révolus, n’a jamais été aussi actif dans sa fonction de Chef de l’Etat, et je pense que sur ce registre, il n’est pas le premier et ne sera peut-être pas le dernier. Pour moi le problème se trouve ailleurs, en dehors de la capacité reconnue à ces trois grands de la politique ivoirienne, les Présidents Ouattara, Konan Bédié et Gbagbo, à susciter les passions mobiliser les foules. Je ne suis donc pas certain que leur sortie de la scène politique règlerait les problèmes qui opposent leurs partisans respectifs, ainsi que les communautés ethniques qui leur sont attachées. Même si leurs noms ont cristallisé les conflits, les causes de ces conflits restent encore une réalité dans les esprits. C’est pourquoi il faut s’attaquer à la racine en privilégiant les procédures de discussions médiatiques contradictoires, pour que les certitudes parfois mal fondées des uns sur les autres, les incompréhensions et malentendus à l’origine des réflexes de défiance, de violence verbale et physique etc., soient levées pour faire place à la culture de l’humilité et du respect mutuel qui sont sources de cohésion et de paix. A partir de là, la Loi sur la limitation de l’âge de la retraite politique, selon moi, n’est que partie de la solution, mais pas la solution. Il faut donc que les acteurs politiques, associés aux médias de masse, s’engagent sur cette piste pour trouver les solutions idoines.

Quelle est votre conception de la politique et comment appréciez- vous sa pratique en Côte d’Ivoire ?

Par sa définition originelle, la politique se conçoit dans la capacité d’un individu ou d’un groupe d’individus à étudier la Société en vue de la connaitre, aux fins de mieux la transformer. C’est à partir de cette conception qu’en principe, la Société devrait être organisée dans sa globalité. Cela commence par l’individu comme vous et moi, membre d’une cellule familiale ; membre de la communauté du quartier où il habite ; membre de la communauté régionale ou ethnique dont il est issu ; membre de la communauté nationale à laquelle il appartient de naissance ou d’adoption ; membre du milieu professionnel où il exerce. A l’intérieur de chacun de ces cadres d’appartenance, le moindre acte que nous posons, dans un sens comme dans un autre, additionné à d’autres actes pris dans un cadre élargi, a obligatoirement une influence sur la vie de la collectivité tout entière, de sorte qu’il peut, au plan local ou national, infléchir une mesure gouvernementale. A ce même titre, les collectivités privées ou publiques, les groupements associatifs de tous genres, etc., sont tous des « agents dits politiques » dont les rôles, aussi minuscules peuvent-ils paraitre, sont comptables de l’état d’une Nation à un instant T. Enfin, vous avez les partis politiques dont la mission principale est d’exploiter à des fins d’identification et de mise en perspective en guise de projets de Société, selon leurs systèmes de croyances et de convictions, les idées, connaissances et expériences issues du corps social. La finalité c’est de contribuer tous, consciemment ou inconsciemment, à la transformation de la Société globale, soit en tant que civils (personne physique ou morale), à travers des les attitudes et comportements appropriés, soit en tant que qu’organisations politiques, au moyen de propositions contradictoires publiques, ou en tant que gouvernants par la mise en en oeuvre d’un programme dédié. Cette conception de la politique ainsi synthétisée, a le mérite de rendre plus aisée la pratique politique, en sens qu’elle peut permettre aux partis politiques principalement, tout en évaluant en permanence leurs potentialités, de rechercher les moyens, de corriger les insuffisances à l’issue de chaque compétition électorale. Mais d’un autre côté, si elle est admise par l’ensemble, développée et partagée au plus grand nombre, cette définition devrait permettre à chaque acteur-citoyen de pouvoir saisir l'importance de son rôle dans la Société, et après avoir identifié ses intérêts spécifiques, de faire les meilleurs choix pour sa vie et pour celle des générations futures de proximité. Peut-être parviendrons-nous, de cette manière, à vaincre les phénomènes d’incivisme et autres pathologies sociales qui contribuent fortement à freiner notre élan vers le progrès, en donnant ainsi à la politique sa conception la plus pragmatique et faciliter sa pratique quotidienne en Côte d’Ivoire. Le défi peut paraître utopique, mais s’il est soumis au dépassement de chacun, il peut être relevé collectivement. Entretien réalisé par ZIAO Hamidou

« Par H. ZIAO Qui va porter le Chapeau ?